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Critique de Nemorino


Depuis que je me promène le nez au vent pour m'imprégner des joyaux de l'architecture et m'amuse à distinguer le style et l'époque de différentes constructions, on sait à coup sûr quoi m'offrir.

Ce livre divertissant donne des bonnes adresses de curiosités architecturales mais c'est aussi un pèlerinage pour ceux qui connaissent bien la ville et revisitent leurs endroits de prédilection à travers cette lecture. On y trouve tout : immeubles, hôtels particuliers, places légendaires, des plus charmantes aux plus royales, ponts, passages couverts, toits à la Mansart, portes cochères cloutées, vestiges du rempart, échauguettes sur trompes, bois, parcs, éléments du mobilier urbain, bow-windows (fenêtres en saillie courbe), dômes, églises ; et on s'étonne bêtement que même des édifices religieux absorbent des tendances Art Déco (l'église Saint-Jean-Bosco, 20e arr.) ou Art Nouveau (l'église Saint-Jean-de-Montmartre, 18e arr.) ! Mais un peu de tout car, par exemple, il n'y a que six lignes pour la Place des Vosges qui abrite entre autres le siège de l'Académie d'architecture. C'est comme un feu d'artifice des beautés qui s'élance et s'éteint d'un coup.

L'auteur ne s'attarde sur aucun monument mais nous suivons minutieusement les métamorphoses de Paris, depuis le petit village de l'île de la Cité jusqu'au « vaisseau » géant de la fondation Louis Vuitton. La ville se peuple et se reconstruit malgré les crues, les guerres et les incendies. Elle se crée par ses ascensions, famines et épidémies. Jadis même les loups ont pénétré dans certains quartiers !

Jean-Marc Larbodière a illustré abondamment l'ouvrage par ses propres photos qui côtoient des images de collections privées et d'archives. Son texte est vivant bien qu'il utilise constamment des termes techniques de la maçonnerie. Il réussit la plus délicate de ses missions, celle de nous montrer comment dégager l'original des pastiches. Parfois l'auteur ne se limite pas à la structure, l'esthétique et l'histoire des bâtiments mais exprime également son ressenti des lieux, à l'exemple de ce passage qui me parle particulièrement :
« Grâce à ses grandes verrières, Saint-Gervais est une église lumineuse, à la spiritualité joyeuse comme celle des frères et soeurs de Jérusalem qui l'animent. » Néanmoins quelques-uns de ses opinions et raccourcis m'ont brusquée (notamment quand il évoque Héloïse et Abélard).

Et c'est seulement à la page 161 (jusqu'à 163) que l'on y arrive : L'Art Nouveau, l'ondoyant, le voluptueux, l'alangui, le nerveux, enfin, l'espiègle ! Il ne me reste qu'à me rendre à la rue du Champ-de-Mars pour un immeuble Art Nouveau d'Octave Raquin que l'auteur recommande, ainsi qu'au 29, avenue Rapp, pour apprécier les audaces de J. Lavirotte : « C'est là que se trouve la création la plus folle de Lavirotte. Ayant toute liberté pour agir, Lavirotte parsème le bâtiment d'allusions érotiques : sexes féminins et représentations plus ou moins phalliques, dont la plus évidente se trouve sur la porte d'entrée elle-même, et la mieux dissimulée dans le plan du rez-de-chaussée ! Les grès de Bigot — c'est à ce dernier qu'est destinée l'hôtel — sont mis à forte contribution pour décorer cette foisonnante façade baroque. » Ici, un jeu de mots s'invite : pas de bigoterie !

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