Pour avoir tant aimé le roman de Philippe Claudel, je ne pouvais pas passer à côté de cette adaptation en roman graphique, conquise par la mise en format de l'album et cette simplicité élégante de la "une" cartonnée.
Première impression aux premières pages tournées: je n'ai pas retrouvé ma vision personnelle, beaucoup plus édulcorée, et les images que je m'étais créée à la lecture du livre. Le trait incroyable en noir et blanc, performance de dessinateur, impose un univers beaucoup plus sombre que mon souvenir. Tout est dans le dessin, implacable, essentiel, sans besoin de beaucoup de dialogues pour tout dire. C'est une lecture silencieuse, qui prend aux tripes.
Le roman donnait peu de pistes temporelles, l'époque et les lieux restaient flous pour le lecteur. Allemagne, Urss? Ici, tout évoque la guerre, les camps de concentration, les lynchages, les campagnes reculées, enneigées, glaciales, les êtres frustres , la violence, la lâcheté et la déshumanisation.
"Noir, c'est noir!" Tout est exprimé, dessiné. Les maisons enfumées et sans lumière, la "gueule" des hommes, dure, hostile, les forêts sombres, les oiseaux de malheur, les silhouettes entre les arbres, les pas dans la neige. Même le blizzard prend forme dans une forêt de bouleaux.
Impressionnant! A lire en choisissant bien son moment, pour ne pas s'engluer dans la morosité.
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