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Critique de Blok


Blok
15 novembre 2021
J'ai habité ce quartier une quinzaine d'années dans les années 60-70. J'espérais trouver dans ce livre une monographie historique et sociale du quartier, de ses évolutions, de sa population. Or il n'y a même pas un portrait complet de la zone du Blosne lors de l'écriture du livre. Seulement des touches pointillistes guère éclairantes et aucune peinture d'ensemble. Sur l'évolution du quartier, quelques observations très generales, qu'on peut faire mutatis mutandis pour tous ceux qui ont été édifiés à la même époque. Mais aucun effort de les contextualiser dans le cadre de ce quartier précis sur lequel nous n'appartenons rien. Rien ? Enfin si : le projet de l'auteur a été retoqué et il est vexé. Il n'ose pas traiter les habitants d'imbéciles mais le coeur y est.
Ce qui est dommage, c'est que l'auteur juge aussi inutile de nous présenter son projet. Peut-être ne serions nous pas capables de les apprécier à leur juste valeur. Parce que quand même les conceptions architecturales de l'auteur sont un peu inquiétantes. Il loue Le Corbusier à longueur de pages, allant jusqu'à défendre son fameux projet de rénovation de Paris au début des années 50 : démolition totale de la ville et construction de quelques dizaines de gratte-ciels à la place.
On se dit que finalement les habitants du Blosne ont peut-être eu quelques bonnes raisons de chahuter l'architecte.
Mais l'auteur a trouvé la solution pour retomber sur ses pieds : ce n'est pas son projet qui est mauvais ce sont les habitants du quartier qui ne sont pas les bons. Parce qu'il y a, nous dit-on, deux catégories d'habitants au Blosne : les mauvais, des Blancs petits-bourgeois ; ce sont eux qui ont participé à l'enquête et qui n'ont pas aimé le projet. Par stupidité et égoïsme. Et les bons habitants, les immigrés. Eux, ils auraient peut-être aimé le projet, sait-on jamais ? Mais ils ne sont pas venus donner leur avis. Parce qu'ils n'ont pas osé. A cause des Blancs. Sûrement. En tout cas, si le peuple vote mal, il faut changer de peuple. Après quoi l'architecte part en mission auprès des habitants (les bons, bien sûr) afin de recueillir leur parole. Ça n'a plus rien à voir avec l'urbanisme ni avec la structure et le fonctionnement du quartier. Parce qu'en réalité, cela transparait dans les interviews, ils se foutent complètement des projets de réaménagement.
Donc, finalement, c'est vrai, ils ne sont pas contre. Mais le réaménagement, on en parle à peine. A la place, l'auteur expose ses vues sur la société. Et on a déjà lu ça mille fois. C'est toujours le même tissu d'apitoiements et d'indignations convenus, la même stigmatisation de l'égoïsme de notre société. Bref, pour moi, ça devient très emmerdant. Alors j'ai arrêté ma lecture. Mon lecteur le plus distrait a sans doute déjà compris que l'architecte ne m'est guère sympathique. C'est vrai. Outre ce que je lui ai déjà reproché, il fait preuve d'une belle hypocrisie : l'intraitable disciple de le Corbusier nous révèle que son cabinet se situe dans un immeuble mi-modern style mi-art déco du centre- ville. Selon lui, cet immeuble est immonde, mais si on voulait le démolir, la coalition des conservateurs de tout poil monterait sur les barricades. Mais au fait...qui donc contraint ce malheureux à garder ses bureaux à un endroit qui le fait tant souffrir dans sa pureté architecturale?
Ce sera mon mot de la fin.
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