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Le syndrome de glissement, qu'il soit dans ce livre ou à 10 kilomètres de chez moi, c'est le cerveau qui dit stop. Qui dit non. Qu'il faut en finir avec ces journées grises sans visite, sans sourire, à s'épancher dans des langes parce que le temps n'est pas à la patience ni à la dignité, parce que le présent s'est fait grignoter toutes ses chances au profit d'un passé qui lui non plus ne tiendra pas très longtemps.

Les vieux, n'ayons pas peur de ce terme qu'on censure aujourd'hui, si leur mémoire flanche, si leur dépendance devient totale, si leur dignité est bafouée et muselée, nos vieux s'éteignent, refusent le combat d'une journée de plus sans saveur. On oblige les vieux à vivre malgré qu'ils ne soient plus dignes d'être vus, touchés, embrassés, qu'ils ne soient plus que rebuts, allez bon, tenez-vous figés dans votre lit, taisez-vous. Vous ne savez plus respirer, on vous fourre des tuyaux à oxygène par vos orifices et on vous attache aux barreaux du lit comme un animal enragé pour vous éviter d'arracher vos fils. Il ne reste que les yeux quand ils s'ouvrent quelques secondes pour comprendre la détresse. Ces yeux rouges de fièvre, de fatigue, d'une vie trop longue. Oui pour certains, la vie ne tient plus que sur une chaise roulante reliée à des batteries et les fantômes rôdent et murmurent dans le noir, taisez-vous, vivez mais taisez-vous.

La société n'a rien prévu pour nos vieux sans famille, ni pour ceux qui flanchent de la mémoire, ces fous de pacotille qui un jour de leurs mains jeunes et fortes ont bâti seuls leur propre maison. Maisons de retraite, EPHAD et consorts, c'est le dernier couloir avant la mort. Vous y arrivez souriants, debout, la bouche grand ouverte, vous terminez édentés, la bouche cousue, un trou au milieu des fesses à force de pourrir dans vos crasses.

Et bien sûr il faut rester vivants. Indignes mais vivants.

Jusqu'au jour de trop où le cerveau joue au plus malin. Pour une fois, lui qui a tout perdu, tout laissé derrière, il se réveille enfin pour que le corps glisse et glisse jusqu'au point de non retour. Ils sont tant à ne pas savoir qui leurs yeux verront pour leur dernier souffle.

« Je ne crois ni à Dieu ni à diable, ai-je dit pour terminer, mais je crois à l'enfer sur terre. La vieillesse est une « saison de grande misère » »

Plutôt qu'une critique du livre d'Elisabeth Laureau-Daull, cet avis est une cacophonie à genoux, poings serrés et larmes à bout de tout, d'une lecture forte exposée à une réalité personnelle qui me déchire le coeur en lambeaux.
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« le passé est la promenade des vieux. Une promenade immobile. Un rêve éveillé. »
« Je ne suis vieille que dans le regard des autres, pas dans le mien. »
S'il ne faut absolument pas prendre pour monnaie courante les faits rapportés dans ce roman, ce dernier a le mérite de lever un tabou, et de dénoncer des comportements qui ne devraient plus être.
Julienne est une dame âgée, tout ce qu'il y a de plus intellectuellement intacte, mais dont le caractère est bien trop fort et le désir de vivre bien trop puissant pour convenir à l'encadrement de la maison de retraite. Elle paiera très cher pour avoir usé de son droit élémentaire à la parole, à la liberté au sein de l'établissement dont elle est pensionnaire.
Comment par des brimades, incivilités répétées, mesquineries, et finalement la négation de l'humanité de chaque personne, on arrive à briser le petit souffle de vie qui reste à Julienne pour la faire rentrer dans un moule qui n'a jamais été le sien.
Julienne est dynamique et a l'esprit tourné vers l'avenir ; et c'est dans cette optique qu'elle va créer son petit groupe de parole, écrire son journal. Tout cela dérange, et Juliette aura tôt fait se faire cataloguer de gâteuse, et de se faire enfermer dans une unité spécialisée, où elle finira par se laisser aller par manque d'égard pour ce qu'elle est. Car Juliette, c'est quelqu'un. Tour cela, nous l'apprendrons par petites touches entremêlées avec le présent de plus en terne qui sera le sien aux Mouettes.
La révolte de Julienne devient la nôtre. Son humour est grinçant, caustique. L'écriture d'Elisabeth Laudreau-Daull donne une once de légèreté pour un sujet lourd et grave qui a su éveiller en moi un certain nombre de chose, et surtout beaucoup m'interroger.



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Derrière ce titre un peu technique et pas très vendeur, se cache un très joli livre qui ne peut laisser indifférent. le thème est proche de "Et puis, Paulette..." dont je vous ai parlé l'autre jour, c'est à dire le troisième âge et même la vieillesse ( à croire que je suis addict aux récits traitant de maison de retraite, de maltraitance des anciens ). Cependant, ici, le traitement et le regard de l'auteur sont complètement différents. Pas de guimauve ni de conte pour vieux, de l'humanité, beaucoup, mais aussi un réalisme qui dérange et fait réfléchir.
Julienne, quatre-vingt-cinq ans entre dans la maison de retraite "Les mouettes". Fringante, encore pleine d'énergie, elle tient sur son vieil ordinateur son journal de pension. Elle décrit son quotidien, les personnes qui l'entourent, aussi bien les pensionnaires que le personnel d'encadrement, le tout avec un délicieux petit humour décalé. Elle ne mâche pas ses mots et choquée par ce qu'elle observe, commence même à inoculer un léger esprit de révolte à ses nouveaux amis. Seulement, le personnel soignant veille et va tout faire pour mâter la rebelle. Et quand l'âge s'en mêle aussi, le combat est loin d'être égal.
La construction de ce roman, pas du tout alambiquée, alterne le présent et le passé. A mesure que le portrait de Julienne devient de plus en plus précis, son présent va déclinant. A cause de la maison de retraite, elle va connaître le syndrome de glissement, c'est à dire les absences, l'oubli, la perte de contrôle, la somnolence entrecoupée de repas. "Je ne parle plus, j'oublie ma toilette et je suis pleine de larmes".
Raconté comme cela pourrait faire croire que c'est un livre terriblement glauque et sinistre. Dire le contraire serait faux, mais l'écriture de l'auteur emporte ce livre au-delà. L'humour est toujours présent, décalé parfois, grinçant aussi. C'est l'humour de ceux qui savent que des combats se mènent aussi par la dérision. Julienne, même quasi grabataire, ira jusqu'au bout de sa révolte. C'est ce sentiment qui court tout le long de ce roman et qui lui donne cette force mais aussi cette émotion.
Cela aurait pu s'appeler "On achève bien les vieux" ou "Nuit et brouillard".
la suite sur le blog

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C'est l'histoire de Julienne, une femme de 85 ans, qui vient d'entrer aux Mouettes, un EHPAD de la région parisienne. Elle souhaitait y finir sa vie tranquillement, sereinement. Mais voilà, ça ne va pas se passer comme ça. Elle va rencontrer un personnel hostile, infantilisant, des personnes âgées perdues, malheureuses, mais résignées.

Pour s'en sortir, elle décide d'écrire son journal, dans lequel elle consignera la vie quotidienne à la maison de retraite mais aussi sa vie passée entre sa grand-mère Adélaïde et sa mère qui ne l'a jamais aimée.

Les chapitres alterneront entre vie passé et vie présente, se faisant écho, sans concession.

Ce livre aurait dû me toucher, aurait dû m'emporter entre ses lignes. J'ai tellement ressenti ce qui est écrit dans ce roman en rendant visite à celle que j'ai tant aimé…

Mais voilà, je suis restée en dehors de cette histoire. Je n'ai pas été émue. Je n'y ai pas cru. Trop de lieux communs énoncés sur ces lieux de misère, trop de personnages caricaturaux, aussi bien chez le personnel que chez les personnes âgées. Et tous les passages concernant sa vie passée avec sa grand-mère m'ont paru factices.

Est-ce l'écriture qui m'a donné ce sentiment ? Je pense que l'auteur dit trop, ne suggère pas assez. Il n'y a assez pas d'images, pas de subtilité. Souvent, dans la littérature, une image suggérée est plus forte que des faits dénoncés !
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Un livre lu en 2012 dans le cadre d'un partenariat entre les éditions Arléa et News Book. Merci à eux.

Un livre coup de poing.

Julienne, une vieille dame de 85 ans, nous emmène dans un voyage dont on ne revient pas indemne. L'histoire débute par son déménagement dans une maison de retraite. Sans famille, elle a décidé qu'il était temps de prévoir son avenir ou tout du moins sa fin de vie.

Son entrée dans cette maison de retraite va effectivement être une nouvelle vie et une découverte... mais pas forcement celle qu'elle attendait.

Avec Julienne on découvre deux univers. Celui de cette maison de retraite : un monde parallèle où les personnes âgées perdent leurs droits, le respect voire même leur liberté. Et en parallèle, elle nous fait découvrir sa vie, sa famille où les hommes n'ont pas de place et certaines femmes beaucoup trop.

Dans un permanent va et vient qui donne le tournis, le passé et le présent se mélangent. On assiste impuissant à la descente de Julienne. Et en refermant ce livre on se demande. Est ce partout pareil? Est ce que l'on peut faire quelque chose? Et en fait c'est peut être un rappel pour ceux qui ont des personnes âgées dans leur entourage / voisinage.

Le titre fait référence à une pathologie connue chez les personnes âgées.

Ayant été vraiment prise par l'histoire, je n'ai pas grand chose à dire sur le style...

Bref un livre à mettre entre toutes les mains de ceux qui pensent qu'ils seront jeunes - indépendants - à l'abri toute leur vie. Un livre à faire lire à nos politiciens qui parlent de la dépendance...

Bonne chance à Elisabeth Laureau-Daull dont c'est le premier roman.
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Vieillir on n'y peut rien, mais si on pouvait, tous, avoir une fin de parcours la plus sereine et digne possible. C'est mon souhait encore plus fort après avoir la lecture de ce livre.
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Ce court roman traite d'un sujet existentiel : celui du sort réservé à nos aînés subissant non pas des petites violences physiques mais psychologiques et pour ce faire l'auteure nous fait partager son inquiétude à travers le personnage de Madame Julienne, résidente à la maison de retraite Les Mouettes.
Cette dernière s'investit et met du piquant dans le quotidien des autres occupants en se révoltant contre le manque d'attention qu'ils n'ont pas dans cette résidence, mais malheureusement on ne peut pas contourner le règlement auquel on a juste le droit de se plier et par la force s'il le faut.
Aussi, Julienne tient son journal sur un vieil ordinateur où le présent et le passé se mêlent faisant ainsi la construction de ce récit, écrit avec un humour décalé et parfois grinçant, c'est à travers celui-ci qu'on apprend à mieux la connaître et à nous sentir plus proche d'elle.
Comme notre chère petite dame âgée perturbe les règles de la maison de retraite, celle-ci va alors être transférée dans le secteur des personnes atteintes d'Alzheimer. Dès lors, elle va connaître le syndrome de glissement, malgré sa force de caractère.
Pour conclure, c'est un roman bouleversant, portant à réflexion, par lequel je ne suis pas sortie indemne de sa lecture que je n'ai pu interrompre.
Lien : http://univers-des-livres.ov..
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Pas de soucis, le livre est d'une très bonne fracture, style, commentaires et réflexions !
Mais accrochez-vous : votre moral le jour de votre lecture doit être en acier trempé !
Et surtout il ne faudrait pas que vous soyez concerné trop personnellement par le sujet ( parents à installer prochainement dans ce type d'établissement ) car vous aurez certainement du mal à aller au bout de votre démarche malgré toutes les touches d'humour dont Julienne (l'octogénaire qui rédige son journal) agrémente le récit de ses derniers jours !
J'ai eu énormément de mal à me laisser porter par les mots et les sourires que j'ai lâché sont passés un peu malgré ma volonté.
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