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Critique de Sivoj


Ce roman se lit vite et, malgré qu'il soit écrit dans un langage on-ne-peut-plus soutenu et en phrases plutôt longues (mais pas longues à la Claude Simon), il n'en devient pas somnolant ou barbant. Cela est due au fait que l'histoire retrace seize années de vie du personnage principal ainsi que les années avant sa naissance, celles de ses parents. Pour parcourir tout ce temps en 200 pages, le rythme est nécessairement rapide et la narration elliptique ; les personnages en deviennent des caricatures sans épaisseur, sans nuances, justes bons à remplir leur rôle, de poncif en poncif ; car ce texte donne l'impression d'une succession de clichés : la conversion catholique, l'éducation stricte pour mater une ado rebelle, ado qui tombe pour le voyou mauvais genre et macho, la cancre au fond de la classe près du radiateur, le salaud qui cherche la rédemption, la beauferie des classes populaires (dont l'auteur semble bien éloigné), la petite fille chouchou des profs, jusqu'à la pornstar aux problèmes émotionnels et au père absent : pitié quoi !
C'est bien écrit, certes, mais à quoi bon un style si distingué pour raconter des fadaises ?

À titre personnel, certaines manies stylistiques m'ont déplu, voire irrité :

« le garçon refusant d'en dire plus, aussi bien par superstition que par précaution – car il ne voulait pas qu'on lui piquât l'idée ni qu'on le balançât. »
[...]
« si tel devait être le tribut à supporter pour qu'elle débarrassât le plancher, ils étaient prêts à élever le petit Patrick »
En mettant en italique des mots ou expressions familières mais très courantes (piquât, balançât, débarrasser le plancher), l'auteur crée une distanciation qui participe d'un air de préciosité bourgeoise, comme si ces mots étaient trop ploucs pour sa plume et qu'il souhaitait les prononcer du bout des lèvres.
Plus bas sur la même page :

« le grand dessein de Bob était en effet de se « tirer fissa de ce trou pourri », où il ne comptait pas « moisir » comme un « cul-terreux ». »
[...]
« l'atmosphère qui régnait chez les Malbosse lui paraissait incommensurablement plus animée, plus vivante, que le régime de maison de correction que ce « salaud » de Turpin avait instauré chez sa mère, où l'on ne la vit plus, sinon de loin en loin pour embrasser son « gosse » »
Même remarque mais pour les guillemets. Je me suis dis que c'était pour citer les personnage et bien faire comprendre qu'on était au discours indirect libre, mais ça se comprenait déjà facilement : l'auteur parle dans un langage soutenu alors que les personnages non. le contexte lui même était d'ailleurs suffisant. Aussi, pourquoi des guillemets dans un cas et de l'italique dans l'autre ?

« la promesse d'une vie différente et, au premier chef, bien meilleure que celle à laquelle, par ce fatalisme propre aux classes populaires, nourri de la conviction qu'une extraction modeste vous condamne nécessairement à occuper une position inférieure dans la société et à exercer une fonction subalterne dans les rapports de production »
Remarque sans rapport, mais il me semble qu'il ne s'agit ni de fatalisme, ni d'une conviction ; seule une minorité parvient à s'extraire de leur condition, les autres sont effectivement condamnés.
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