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Critique de hellrick


Richard Laymon est un des grands noms de l'horreur américaine, tendance brutale et sans concessions. Né en 1947 et décédé en 2001, il fut un des piliers du splatterpunk et eut les honneurs d'être traduit à 6 reprises dans la collection « Gore ». Mais sa production pléthorique reste encore à défricher, d'autant qu'il a usé de nombreux pseudonymes : Carl Laymon, Richard Kelly, Lee Davis Willoughby, Carla Laymon,…Loué par Stephen King pour ses talents de « page turner », préfacé par Dean Koontz, LE JEU constitue un roman qui s'apparente, dans ses deux premiers tiers, à un « simple » thriller avant de plonger plus frontalement dans l'horreur pure. Réussite ou ratage ? Difficile de trancher, le plaisir de lecture s'avère réel mais les défauts sont, eux-aussi, nombreux.
L'intrigue se base sur le fameux postulat « que seriez-vous prêt à faire pour de l'argent ? ». L'héroïne, Jane Kerry, vit tranquillement sa petite existence de bibliothécaire célibataire un peu rondelette dans son bled de Donnerville. Un soir elle trouve une lettre avec un indice mystérieux qui la conduit à chercher un livre dans lequel elle découvre une enveloppe. A l'intérieur, 100 dollars, une nouvelle énigme et une signature en deux lettres : MJ, le maitre du jeu. Jane accepte cette proposition et reçoit 2OO dollars de récompense. Ainsi qu'une devinette à résoudre. le jeu a commencé et le maitre n'acceptera pas de l'arrêter avant sa conclusion…
Le roman se place résolument dans la position de Jane, on se trouve même dans sa tête et on suit ses pensées, ses hésitations, ses doutes,…C'est la force du bouquin mais également sa faiblesse. Parfois c'est prenant, parfois pas du tout. de longs passages auraient gagnés à recevoir les conseils d'un bon éditeur. En clair des scènes entières se trainent, sont inintéressantes et ne font aucunement avancer l'intrigue, au point qu'on finit par les parcourir en diagonale. Il faut également admettre que l'héroïne agit souvent en dépit du bon sens et que ses réactions donnent souvent envie de se taper la tête dans le mur tant certaines apparaissent d'une absolue stupidité. Il n'y a pas vraiment de remise en question en dépit des ruminations mentales de l'héroïne, pas vraiment de « j'en reste là » (ou ça ne dure que quelque pages), juste l'appât irrésistible du gain. La suspension d'incrédulité s'avère de rigueur, d'autant que l'omniscience du « maitre du jeu » ne sera pas vraiment expliquée. le lecteur s'attend même à un twist pour expliquer sa capacité à observer l'héroïne, à la traquer et à la retrouver où qu'elle aille. Mais non, pas vraiment d'explications. Il parait avoir des moyens illimités, tant pour surveiller sa proie que pour lui donner des milliers de dollars. Comment ? Pourquoi ? Pour le simple plaisir de la cruauté et de la manipulation…Un peu facile Mr Laymon !
Autre point risible : Jane passe de bibliothécaire rondelette (son poids constitue une vraie obsession alors qu'elle parait juste un peu enveloppée et que tout le monde s'accorde à la trouver séduisante) à fille athlétique, mince, combattive et en pleine forme. A défaut d'avoir sa bite et son couteau elle a son ventre plat, ses gros nichons et son cran d'arrêt ! Au final elle rendrait coup pour coup à Rambo ! Or toute l'intrigue se déroule en quinze jours, cette transformation est donc totalement ridicule et le climax final, précipité, n'aide pas. le style de Laymon n'est pas, non plus, franchement travaillé. le genre ne nécessite pas de se montrer un styliste confirmé ou de retravailler chaque phrase durant des jours mais l'auteur n'a jamais eu la réputation de soigner sa littérature et, ici, encore on note pas mal de passages disons…relâchés.
Pourtant, le bouquin reste dans l'ensemble plaisant : malgré ses longueurs évidentes (une bonne centaine de pages auraient pu passer à la trappe sans soucis !) le côté page turner fonctionne et le lecteur a envie de connaitre la suite et, surtout, le fin mot de l'histoire (quitte à être déçu par le final). L'auteur parsème aussi son récit de scènes de sexe, le jeu semblant avoir une influence des plus stimulantes sur la libido de l'héroïne. Enfin, le dernier tiers s'emballe et verse plus gratuitement dans l'horreur bien sanglante avec toutes les scènes attendues pour divertir le lecteur friand de splatterpunk : victimes démembrées, tortures, autocannibalisme, viols, etc. Enfin du fun ! Laymon s'affranchit à ce moment du peu de vraisemblance que le roman gardait pour plonger dans la série B littéraire à la manière des films de torture porn. Ce n'est plus du thriller, c'est alors de l'horreur pure et dure et, avouons-le, tout ça se montre plus divertissant que la première partie un poil longuette. Bilan mitigé donc mais, à condition d'accepter ses faiblesses, de survoler certains chapitres sans intérêt et d'apprécier la cassure du dernier tiers qui ne se soucie quasiment plus de crédibilité, l'ensemble offre un bon moment.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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