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Critique de Pecosa


Au début des années 80, en Europe et au Moyen-Orient, le Mossad désire plus que tout débusquer un membre insaisissable de l'OLP , Khalil, qui sème des bombes un peu partout, aidé par de jeunes Européennes. Mais pour attraper un lion, il faut une chèvre, et la chèvre, c'est Charlie, une Anglaise un peu paumée, actrice dans une petite troupe, généreuse, qui milite contre les injustices, le nucléaire, le sionisme…Le Mossad sait que le point faible du Palestinien est son jeune frère lui aussi activiste, dont le point faible est les femmes. Il enlève et tue le frère. Puis un séduisant agent israélien appâte la naïve Charlie, la manipule et la forme afin qu'elle se fasse passer pour la petite amie du défunt auprès de Khalil qui ne tardera pas à sortir de sa tanière.
Si, comme l'écrivit Sénèque, «la vie est pièce de théâtre : ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, mais qu'elle soit bien jouée. », celle de Charlie, actrice de seconde zone va dépendre de son talent à incarner des personnages.

A côté de Charlie, la Nikita de Luc Besson peut aller se rhabiller. L'idée de transformer une actrice en espionne est formidable, même si elle n'est pas nouvelle. Joséphine Baker était l'agent de De Gaulle, Cary Grant et Leslie Howard, de Churchill, et Sterling Hayden roulait pour l'OSS. La petite fille au tambour est certes un roman d'espionnage avec des filatures, des valises piégées, des déguisements, des planques, mais il met vraiment l'accent sur le travail de manipulation, de double jeu vécu comme un rôle dans une pièce de théâtre périlleuse qui va mener l'héroïne jusque dans les camps d'entraînement au Liban.
La finesse d'analyse de Le Carré, qui saisit si bien les contradictions et la fragilité de Charlie plongée dans un conflit qui la dépasse, sa manière de décrire le monde comme une grande scène où tous se donnent en spectacle -« La terreur, c'est du théâtre. Nous inspirons des sentiments, nous faisons peur, nous suscitons l'indignation, la colère, l'amour. Nous éclairons les gens. Le théâtre aussi. Le guérillero est le plus grand acteur du monde. »- rendent ce roman vraiment unique.

J'ai d'abord vu l'adaptation en série de The Little Drummer Girl réalisée pour la BBC par le Coréen Park Chan-Wook, avant de plonger dans cet excellent roman. En le lisant, on comprend pourquoi John le Carré reste toujours le maître inégalé du genre. La petite fille au tambour est probablement l'un des meilleurs romans d'espionnage qui m'ait été donné de lire.
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