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Critique de Wyoming


Venant juste de terminer la lecture du "Voyage à Rodrigues", je n'ai pu résister à reprendre celle du "Chercheur d'or", en mode rapide, car, l'ayant lu il y a une vingtaine d'années, et même si j'en conservais le souvenir éblouissant d'un roman extraordinaire, avec la mer omniprésente et la quête d'un trésor imaginaire, il me manquait bien des détails en mémoire et j'ai donc été à nouveau conquis par cette oeuvre -- d'ailleurs comment ne pas l'être en parcourant une écriture tellement riche et puissante qu'elle surclasse la plupart des émotions que peut procurer la lecture?

Les premiers héros de cette belle histoire sont la mer, la nuit, le ciel, les étoiles, les oiseaux, surtout la mer bien sûr que JMG décrit avec autant de variations dans son style qu'elle-même peut en offrir à toutes les heures, toutes les saisons et par tous les temps. Le Clézio livre une sanctification totale des éléments maritimes, avec cette confusion admirable du ciel et de la mer, puis ces constellations qu'il connaît par coeur, particulièrement dans l'hémisphère sud où se situe la plus grande partie de ce roman.

Le lecteur est d'ailleurs saisi par la mer dès la première phrase du livre : "Du plus loin que je me souvienne, j'ai entendu la mer" et ainsi tout au long de cette aventure humaine, jusqu'à la dernière phrase : "Il fait nuit à présent, j'entends jusqu'au fond de moi le bruit vivant de la mer qui arrive".

Ce bruit vivant accompagnera la lecture d'abord dans l'enfance et l'adolescence du héros, marquée par le départ douloureux et contraint de la maison familiale, avec peu après la séparation de ses proches, particulièrement sa mère et sa soeur, Laure.

Puis, c'est le long voyage vers Rodrigues, avec encore le mélange des sentiments sur le bateau, le bruit des voiles, des tempêtes, la houle ou le calme, et toujours ces ciels magiques, visibles uniquement en mer ou en montagne, la Voie lactée et les myriades d'étoiles qui installent les rêves à savourer les yeux ouverts.


Enfin, l'île et la quête du trésor du corsaire, avec des détails techniques sur l'orientation qui ont pu lasser des lecteurs, et que je n'ai ressentis que comme des respirations permettant de reprendre souffle avant d'être à nouveau emporté par la poésie de le Clézio, face à tout ce qu'il voit au-delà des vacoas, des falaises, de la barrière de corail, et dans son imaginaire.

La rencontre avec la jeune fille, Ouma, apporte des moments de plénitude à partager avec le chercheur d'or, Ali, tout en enviant leur idylle, aussi belle que tout l'environnement qui la fait naître.

La guerre, hélas, n'est pas en reste, puisque Ali va revenir pour combattre à Ypres ou dans la bataille de la Somme. Le Clézio en profite pour insister sur l'absence de sens de "la plus stérile des réunions d'hommes".

Enfin, un dernier retour à Rodrigues, pour se convaincre de la vanité de la recherche de l'or et faire partager au lecteur toute la mélancolie du temps, la perte des êtres chers, la perte d'un amour devenu impossible, et admirer encore les ciels étoilés, la nuit, la lumière du soleil et sentir jusqu'à la dernière minute de lecture, la dernière page de bonheur perdu.
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