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Critique de Montana


Ce livre raconte un long et difficile épisode de la vie de Suzanne Thover, femme perdue et engourdie par "la dépression". Vous l'aurez compris, un sujet grave, loin d'être guai...

C'est un peu plus qu'une critique que je vais faire aujourd'hui avec ce livre "Le corps perdu de Suzanne Thover" de Marie le Drian, car vous expliquer pourquoi je l'ai apprécié, revient à vous raconter un peu de mon histoire :

Je suis - contrairement à Suzanne , qui "n'a rien", et dont "les analyses sont bonnes", atteinte d'une maladie auto-immune dégénérative depuis plus de 10 ans. Mon corps, qui s'est lentement et sournoisement épuisé au fil des douleurs et des aléas de la vie m'a conduit à connaître - moi aussi - la dépression, dont je sors à peine....transformant chaque acte banal du quotidien en véritable combat de chaque instant!
Le cas de Suzanne paraît encore plus difficile car le fait qu'elle n'ait pas de "raison médicale" susceptible d'expliquer son état, rend la situation encore plus incompréhensible pour elle ainsi que pour son entourage.

Une des raisons pour laquelle je souhaitais lire ce livre était parce que je tenais à "voir" comment Suzanne allait s'en sortir, et réaliser en entrant dans la vie de Suzanne, que je n'étais pas seule à avoir traversé cet épisode de vie qui ne nous laisse pas indemne, nous et nos proches.

Que l'on soit entouré ou non face à ce fléau, ce qui frappe c'est la solitude parfaitement décrite par Marie le Drian, ainsi que la difficulté de mettre des mots à la hauteur de ce qui nous englouti.

Elle évoque aussi très justement l'attitude des "autres" - ceux "qui font partie du monde" , qui sans vouloir être indifférents sont pris dans la spirale active de leur quotidien, n'ayant ainsi pas un regard, ni un geste bienveillants qui pourraient - le temps d'un instant - dissiper ce qui travaille à nous engloutir.
Il existe donc, cette "sensation" de décallage par rapport aux autres (qui devient vite une réalité). On ne se sent pas à sa place en s'excusant sans cesse d'être là, on se sent incompris et honteux d'être dans cet état. le plus difficile étant, à mon sens, d'être conscient de ce qui est en train de grandir en nous, de n'être pas à la hauteur -à nos propres yeux comme aux yeux de ceux qui nous sont chèrs -, pour trouver l'énergie de renverser la vapeur. Oui, le corps décide et paralyse !

Marie le Drian évoque même les rechutes, l'extrême fragilité des acquis qui peuvent être réduits à néant en quelques secondes et à cause d'un grain de sable.

Un livre pas très guai donc, mais qui décrit avec des mots justes ce qui se passe dans le corps et dans la tête de ceux qui plient sous le vent . Pas étonnant que ce livre ait reçu le prix Jean-Bernard de l'Académie de Médecine.

Toutefois, je me demande si ce récit aurait le même écho chez une personne qui (par chance!) n'a jamais ressentie de tels chamboulements intérieurs?

L'auteure nous confie enfin un message d'espoir car on sait dès le départ, que Suzanne va s'en sortir.; puisqu'elle écrit ces pages pour porter un regard vers ce qui lui est arrivé. Peut être pour mieux apprécier le chemin parcouru?

Un livre traitant d'un sujet grave mais finalement assez positif dans son issue car il nous incite à voir les mains tendues (quand il y en a ) et à savoir demander de l'aide avant qu'il ne soit trop tard pour éviter l'effet boule de neige et l'enlisement complet (page 250 : on peut imaginer que si j'avais su, dès le début, frapper à la bonne porte, tout se serait passé autrement").

Merci à l'opération Masse critique de Babelio ainsi qu'aux éditions Apogée de m'avoir permit d'entrer dans la vie de Suzanne et de prendre ainsi encore un peu plus de recul par rapport à cet épisode douloureux traversé mais pas encore assez loin pour se sentir à l'abri.
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