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Critique de Fandol


Parler de sa famille, plonger dans la vie de ses proches, d'autres l'ont déjà fait mais Hervé le Tellier avait lui aussi, sans doute, besoin de ce genre de thérapie littéraire. Avec un titre sibyllin, Toutes les familles heureuses, il n'épargne personne, ciblant surtout sa mère dont le bandeau, ajouté par l'éditeur, annonce la folie.

En dix-huit chapitres, l'auteur fait le tour de sa famille, revient régulièrement sur le cas de son beau-père dont il a dû adopter le nom. Enfant, il envisageait la mort de ce couple formé par sa mère et Guy le Tellier. Cette éventualité dramatique ne lui faisait rien…
Tous les défauts de son beau-père comme ceux de sa mère y passent. C'est au vitriol qu'il décrit ses proches mais sans jamais se départir d'un humour salutaire. Il n'oublie pas de remonter à son grand-père maternel : Raphaël Michel qui se distingua comme mécanicien de la fameuse Croisière Jaune, en 1931. C'est chez lui qu'il était le plus souvent, enfant : « Je passais tout mon temps chez mon grand-père où se trouvaient mes jouets, mes jeux de construction et mes puzzles. »
Même s'il avoue que ce n'est pas simple de décrire la femme que fut sa mère, il parle de son attitude sous l'occupation allemande alors qu'elle avait douze ans. Avec sa soeur, Raphaëlle, Marceline est élève du Lycée Jules Ferry. Or, elles ne se souviennent d'aucune camarade de classe, ni même d'une voisine, arrêtées puis déportées… Hervé le Tellier parle d'amnésie familiale.
Ce n'est qu'en 1969, que l'auteur découvre toute l'horreur de la shoah après avoir vu Nuit et Brouillard, le film d'Alain Resnais : « Je découvrais tout. J'étais choqué, bouleversé. » Il confie d'ailleurs que son engagement politique date de ce moment.
Un chapitre est tout de même consacré à Serge Goupil, son géniteur qui « n'avait guère la fibre paternelle. » Puis il revient à « papa Guy » : « Fils unique, dernier rejeton d'une branche aristocratique déchue, choyé et adulé par sa mère, il avait raté avec constance ses études et n'avait aucun diplôme lorsqu'il avait rencontré ma mère à peine divorcée. »

Je tenais à lire ce livre d'un auteur écouté et apprécié aux Correspondances de Manosque mais ces révélations familiales m'ont mis mal à l'aise. Découvrir que sa mère ment comme lors de l'accident mortel de son correspondant allemand, a été un choc pour lui, une rupture et le révélateur d'une quantité de mensonges avérés, dans sa famille.

L'appel à l'amour de sa mère est émouvant, terrible même. Lorsqu'un fils écrit à sa mère : « J'ai bien plus besoin de toi que toi de moi » et que celle-ci retourne la lettre déchirée en petits morceaux, il faut supporter le choc. Écrire est la solution choisie par Hervé le Tellier même s'il sait que ses parents, sa mère toujours en vie, ne le liront jamais.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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