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Critique de Athalie2


Dans un registre très intime, l'auteur nous livre sa drôle d'enfance : entre un beau père insipide et une mère folle de rancoeurs jalouses et qui en veut au monde entier d'être malheureuse, un père démissionnaire, ou poussé à la démission par les furies maternelles, une demi soeur inconnue ou presque, des grands parents omniprésents mais taiseux des secrets … L'auteur précise dès le départ qu'il n'a subi aucune violence, aucune de celles recensées par la loi en tout cas. le point de départ de cette autobiographie est l'absence d'amour, l'absence de douleur à l'annonce de la mort du beau-père, puis du pére. Ne pas aimer ses parents, en avoir honte, les mettre de côté comme des hasards incompréhensibles le conduit pourtant à remonter la généalogie d'une famille marquée par la tristesse, une famille où le rire n'entre que par effraction.

Rien n'est plus tabou que de ne pas aimer sa mère, même si on a une mère détestable. le Tellier est l'anti Cohen, l'anti Gary mais sa mère est malgré tout la figure centrale de son récit de non amour. Jeune parisienne sous l'occupation, elle n'a rien vu des jeunes filles juives qui disparaissaient de son lycée, elle n'a pas suivi sa grande soeur dans les plaisirs de la libération. Effacée, peureuse, elle doit déjà couver les rancoeurs qui éclateront plus tard, « Ma soeur, la pute », claironnera-t-elle lorsque la maladie lui enlèvera tous les filtres. L'auteur retrace un parcours médiocre, un mariage avec son « géniteur », son départ pour l'Angleterre, après la rupture, un séjour de plusieurs années pendant lesquelles l'enfant Hervé reste chez les grands parents. Puis, une forme de réussite avec un second mariage avec Gilles, descendant d'une famille d'aristocrates ruinés mais qui apportera finalement un héritage conséquent et un vernis de réussite sociale. Cependant, rien ne semble pouvoir satisfaire cette femme qui explose sans cesse, déteste tout et tout le monde, dont les regrets sont des gouffres amers, une femme aigrie par la vacuité de sa vie. le narrateur ne peut que la fuir, taraudé par le mépris maternel, quoiqu'il fasse, les reproches le poursuivent et même une lettre, bouleversante pourtant, tant l'amour, finalement, y éclate, lui reviendra en confettis …

Autour d'elle, l'auteur place quelques autres portraits des membres de sa famille qu'il a connu, il semble chercher les failles originelles de ce dysfonctionnement des liens qui n'ont pu se construire, entre elle et lui, entre lui et ses origines, mais il n'y trouve pas de séismes, on reste dans l'infra ordinaire. Seul le beau père finalement, cachait un double fond, un compte en Suisse illégal qu'il a tenté de dilapider. Mais l'auteur n'en sait pas pas plus et donc, nous non plus … Ce qui aurait pu être une vague de fond reste une vaguelette de plus …

Même si on peut comprendre le désarroi de l'auteur, il ne m'a pas touché, les personnages forment une constellation dysfonctionnelle et il m'a manqué une toile de fond un peu plus dense que le regard rétrospectif de l'auteur qui lisse les aspérités, et reste, finalement au bord du mystère maternel.

Je relirai Hervé le Tellier, mais dans un registre plus romanesque.
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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