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Critique de gruz


Nouveau terrain de chasse, un comble quand on porte le nom d'une arme historique. Pour autant, Nicolas Lebel ne change pas son fusil d'épaule, il reste dans le polar, à travers la dyade flics / enquête.

Et un nouveau duo de limiers qui se dépêtre dans une bien mystérieuse investigation, et va de surprises en retournements de situation. Comme le lecteur, qui boit du petit lait tout au long de ce roman réussi.

Tout change, mais pas tant que ça. Ceux qui connaissent Lebel verront qu'il a voulu du renouvellement tout en gardant sa patte imprimée.

Attendez-vous à une enquête pleine de faux-semblants, qui fonctionne un peu à la manière des poupées russes, que l'auteur dégomme à la kalachnikov.

Moi qui sature un peu du polar traditionnel, j'affirme avec force que Lebel m'a réconcilié avec ce genre.

Le roman est d'un abord pourtant classique, avec de nombreuses références aux ingrédients de ce style d'histoires (je pense, par exemple, au principe de l'énigme en chambre close). On sent qu'il a pris un vrai plaisir à s'amuser avec ces morceaux qui font la chair du genre.

L'intrigue est machiavélique, les grands principes de la chasse devenant les ressorts d'un récit qui va bien plus loin que la recherche d'un simple coupable.

L'écrivain ne rigole pas quand il construit le décor de ses histoires. Elles ont un fond historique et sociétal souvent caché, qu'il développe avec minutie, sans jamais perdre de vue que ça doit servir l'intrigue. Celle-ci est sans doute l'une de ses plus réussies.

Là où nombre d'auteurs se sentent obligés d'en rajouter dans la noirceur, Nicolas Lebel sait varier les ambiances, du plus sombre vers des moments plus lestes. le divertissement avec intelligence, finesse, mais aussi second degré. Et avec un rythme plus poussé qu'à son habitude.

Au-delà de la quête de la vérité, il y a les personnages. Dont un duo de flics atypiques qui sont le sang qui pulse au travers des entrailles de cette histoire pleine d'embûches. Et que l'écrivain n'hésite pas à particulièrement malmener, sadique qu'il est.

Laissez-moi vous introduire Paul Starski et Yvonne Chen. Deux sacrés bestiaux. Entre un commissaire qui perd tous ses repères d'un coup (ça commence avec son chien…), et sa coéquipière aussi pragmatique qu'un bloc de glace en pleine banquise, les relations sont pour le moins singulières. Et leurs méthodes tout autant.

Et pourtant ça fonctionne du feu de Dieu entre ces deux protagonistes iconoclastes. Ils sont la vraie respiration, l'oxygène de cette atmosphère étouffante.

Mention toute spéciale à leurs joutes verbales souvent drôles et cyniques qui, en complément de leurs attitudes, apportent une dose de plaisir supplémentaire. La griffe de l'auteur est aussi là.

En fait d'amour et à la chasse, on n'attrape pas toujours ce qu'on attend, dit un proverbe danois. Un chasseur peut devenir le gibier et inversement.

Nicolas Lebel se renouvelle tout en gardant ce qui fait son ADN. Il a su accommoder sa salaison afin que le gibier dégage tous ses arômes au fil des pages. le polar traditionnel a encore quelque chose à dire quand il est mené avec brio et talent.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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