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Critique de Kirzy


Fin janvier, je vais recevoir mes deux premiers romans en tant que jury du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2020 catégorie polar ! L'année dernière, il y a eu deux lauréats ex-aequo : le Journal de ma disparition de Camilla Grebe et L'Heure des fous de Nicolas Lebel, initialement paru chez Marabout. Ben aucun des deux à mon tableau de lecture ... j'ai donc décidé de plonger dans le frenchy, histoire de voir ce qu'il a dans le bide !

Nicolas Lebel a le talent de mener son polar dans les règles de l'art : du rythme, des rebondissements pertinents et une habile construction qui transforme une banale affaire de SDF assassiné en affaire d'Etat, des campements du bois de Vincennes aux catacombes , avec en prime une critique sociale pertinente qui monte en puissance sur le monde universitaire mais aussi sur le processus qui mène à devenir SDF.

Si la trame est classique et efficace, le plus réjouissant dans ce polar est la bande de flics qui mènent l'enquête autour du truculent capitaine Mehrlicht, personnage tout droit sorti d'une film dialogué par Audiard : réactionnaire, érudit, fragile, cynique, insupportable, drôle, roi de la punchline assassine, on se régale d'autant plus en sa compagnie que ses acolytes sont à la hauteur. C'est au plus près de ses flics que Nicolas Lebel aiguise sa plume et nous délecte.

Voici comment il le décrit : « Le petit homme chétif en costume marron avait une tête de rainette, un peu à la Paul Préboist, mais en plus batracien encore. Ses yeux étaient deux boules sombres que l'on aurait juré indépendantes l'une de l'autre, capables de lorgner l'une la grille de sudoku, l'autre ce qui passait alentour. Nul n'aurait pu dire s'il avait une langue visqueuse, mais à l'instant où il quittait le bâtiment – ce qui se produisait toutes les demi-heures - , on voyait poindre de sa gueule un mégot laiteux qu'il suçait avec délectation, s'imbibant de sa teinte cireuse jusqu'au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s'ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d'une chevelure défunte. »

Même si j'ai tendance à préférer les polars plus complexes et sombres, ce premier roman est clairement très réussi et plaisant, accessible, sans excès de gore, bref aussi populaire que ce prix Livre de poche doit l'être ! Bien joué !

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