Quand la neige fond, où va le blanc ?
Quand la neige fond, où va le blanc ?
Sur les pâquerettes, peut-être ?
Pâquerettes filles de pâques,
foulées au pied
vous êtes pourtant
parmi mes préférées
vous offrez le plus court chemin
vers l’enfance et ses trésors
de mes doigts maladroits
j’essaie toujours de faire
des colliers de pâquerettes
avec les mots
au jardin
au jardin
tout dit la vie
même dans la mort
des fantômes se promènent encore
à l’abri de ces murs
premiers serments
premiers tourments
ils reviennent sans cesse
retrouver l’amante l’amant
*
Fantômes du jardin,
j’entends vos peines
elles peuvent cesser
soyez sans crainte
vous êtes aimés
prenez le chemin du bouleau
du pommier ou du cerisier
le long du tronc
avec la sève
traversez les phloèmes
montez vers
la lumière
lâchez la branche
partez
Papillons
mon cœur vole
en éclats de joie
s’il-vous-plaît
apprenez-moi
à faire danser mes couleurs
à sortir
de tout ce qui m’enferme
à écrire
comme vous battez des ailes
le cri des aigles
le cri des aigles
les vagues qui me soulèvent
le vol des hirondelles
le vent comme il se lève
tout me parle de voler
ouvrir mes ailes
Oser
Lavande
je te salue
montre-moi comment apaiser
l’abeille et celui qu’elle pique
comment donner encore
par-delà la mort
que ton parfum imprègne ma langue
Chers arbres,
Chers arbres,
élevés vers le ciel
ancrés dans la terre
temples
dont la lumière rayonne
est-ce vous le chemin
vers les profondeurs de la terre
ou vers le ciel
j’aime suivre vos veines
aller
par vous
vers l’ailleurs
vous êtes l’air et la terre
le haut comme le bas
le solide léger
l’horizon vertical
mes grands enseignants
que le bleu me pénètre
que le bleu me pénètre
nourrisse chaque cellule
chaque lettre
même dans la nuit
même dans la nuit
nous saurons nous retrouver
soleils vivaces
vibrent dans nos mains
j’en appelle
extrait3
J’en appelle au minéral
— galet, enseigne-moi
comment faire des ricochets
choisir avec attention puis
jeter les mots-cailloux
rompre les lois
faire voler ce qui pèse
marcher sur l’eau
écrire comme on joue
écrire
écrire
hors de toutes pensées
dans un souffle