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Critique de Titania


Au soir de sa vie, Harper Lee, qui n'avait commis qu'un seul roman, en publie un second. On peut s'interroger sur le coup marketing réussi à base de rumeurs autour de la genèse de ce texte qui porte une ombre sur son authenticité. On peut aussi, imaginer qu'une histoire aussi forte que " l'oiseau moqueur" procédait d'un travail énorme d'écriture et de sélection qui a laissé pas mal de pages de côté qui nous reviennent maintenant.
Tous ces doutes entachent le début de la lecture d'un parfum de scandale, et m'ont beaucoup troublée je l'avoue . A quoi ressemblent ces pages qui ont sans doute nécessité plus de réécriture ou de mise en forme de la part de la maison d'édition qu'un manuscrit ordinaire ? Quelle histoire nous raconte Harper Lee par delà la mort comme une sorte de testament ?

j'ai voulu retrouver Scout, enfin Jean Louise, jeune femme libre de 26 ans qui réside et travaille à New York et qui vient passer quelques jours de vacances dans sa famille dans l'Alabama dans les années 1950 . Elle y retrouve son éternel fiancé Hank, devenu l'associé de son père vieillissant diminué par les rhumatismes.

Chaque lieu lui rappelle un épisode de son enfance et de son adolescence. C'est la chronique douce amère du temps qui passe et des choses qui changent et ne reviennent plus. La fille émancipée qui s'est construite dans la douleur, dans la séparation et le deuil, découvre amusée que son groupe de copines se compose de filles à marier, de jeunes mariées et de jeunes mamans, elles ne se définissent que par rapport aux hommes. Les bavardages entrecroisés de ces pipelettes lors d'un Tea Time organisé par la toujours aussi guindée tante Alexandra, sont aussi drôles que les espiègleries des souvenirs d'enfance et d'adolescence et produisent comme un bruit de fond pour notre héroïne déconnectée par sa vie new-yorkaise.

Puis, c'est la découverte que son père, son petit ami, la plupart des anciens copains d'école sont membres de conseils de citoyens, des collectifs ségrégationnistes, pas loin du Klan. L'adulte voit enfin sans les lunettes roses de l'enfance, avec douleur, son pays qu'elle aime, meurtri et fracturé par des guerres non oubliées, et la mémoire de l'esclavage, un monde et des personnes qui l'ont façonnée et dont elle est sortie meilleure plus lucide, avec des valeurs de justice et d'égalité .

Il faut attendre le dernier chapitre qui fonctionne comme une ouverture pour donner un éclairage nouveau à cette opposition violente qui ravage notre héroïne . Je vous laisse trouver qui est la sentinelle de ce roman complexe qui nous fait méditer sur une leçon de vie personnelle. "Ce n'est pas quand nos amis ont raison, qu'ils ont besoin de nous".

J'ai reconnu le style pétillant de l'auteur, et j'ai beaucoup aimé ce roman dans lequel ce grand écrivain sudiste met beaucoup d'elle et de ses espérances, de sa foi en l'humain. C'est un roman recevable maintenant à notre époque, loin du champ clos américain des combats pour les droits civiques. Il résonne autrement d'une dimension plus universaliste du très dur chemin vers la liberté qui nous concerne tous, et en tout temps.






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