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Critique de frandj


Je ne suis jamais pressé de lire les livres qui ont reçu le Goncourt, car je crains toujours l'effet de mode. Je viens seulement de lire "Au revoir là-haut" et j'avoue que j'ai été estomaqué. C'est un excellent roman et, quoiqu'il soit un peu long, le lecteur n'éprouve pas de lassitude. Mais je ne vais pas en écrire une critique détaillée, puisque beaucoup m'ont précédé sur Babelio.

Ce qui me semble d'abord remarquable, c'est l'évocation de cette affreuse guerre de 14-18 et des "gueules cassées", ces pauvres types qui ont traîné leur difformité pendant le restant de leur vie: c'est poignant. Ensuite, les deux personnages principaux me semblent très fouillés, criants de vérité. Albert Maillard est un homme fruste et fidèle en amitié, qui a failli mourir (enseveli vivant) parce que son lieutenant Henry d'Aulnay-Pradelle n'a pas levé le petit doigt pour l'aider sur le champ de bataille. Edouard Péricourt a sauvé Albert de la mort, mais aussitôt un éclat d'obus lui a arraché sa mâchoire inférieure, faisant de ce jeune homme brillant un estropié de la pire espèce. Il ne veut plus revoir sa famille, qu'il rejette, et donc il usurpe l'identité d'un autre soldat tué au combat. Dans le roman, il est beaucoup question des Péricourt, des bourgeois de haut vol: le père, dur et froid (qui découvrira trop tard, hélas, ce qu'est l'amour paternel) et aussi la soeur Madeleine qui - hasard ! - n'a pas trouvé mieux que d'épouser l'ignoble Henry d'Aulnay-Pradelle. Celui-ci, un cynique profiteur de la guerre, fait fortune par les moyens les plus vils. Quant à Albert et Edouard, toujours à court d'argent, ils finissent - eux aussi - par se lancer dans une vaste escroquerie…

Le contexte principal du roman est essentiellement l'après-guerre, ce qui est moins courant et plus délicat à développer que la guerre elle-même. C'est un très bon sujet, difficile, à la fois touchant et cruel, qui est traité de la meilleure façon qui soit. Pierre Lemaitre n'a pas usurpé son prix.
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