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Critique de Kirzy


Pierre Lemaitre poursuit sa trilogie des Années glorieuses et c'est avec grand plaisir que l'on retrouve la famille Pelletier, quatre ans après la jubilatoire présentation de ses membres dans le Grand Monde.

Nous sommes désormais en 1952. L'auteur excelle à saisir l'époque, ici le début des Trente Glorieuses, période de bascule entre les années difficiles de l'après Deuxième guerre mondiale et l'embellie économique, un pied dans le monde empesé de l'après-guerre, un pied dans une modernité annoncée. Au final une période emplie de paradoxes d'une France en plein essor qui entre dans l'ère de la consommation mais encore très régressive et répressive sous bien des aspects.

Aussi, cet opus joue une partition plus sociale avec trois intrigues aux accents à la Zola : luttes ouvrières des employées du fils aîné Jean qui a mis sur pied un magasin populaire type Tati ; combats féministes à une époque où l'avortement est un délit traqué par une brigade spécifique tout droit sortie de Vichy. Mais aussi confits liés à des aménagements du territoire, ici la construction d'un barrage hydroélectrique au prix de l'engloutissement d'un village entier, cimetière compris ( épisode inspiré de la tragédie du village de Tignes, fait divers qui émut et passionna les lecteurs de France Soir ).

Pour le reste, le talent de conteur de Pierre Lemaitre ainsi que son humour mordant parfaitement distillé fonctionnent à merveille, son énergique élan narratif emportant le lecteur dans un tourbillon de péripéties pétaradantes concoctées pour ses nombreux personnages. C'est celui de la soeur, Hélène, qui est le plus mis en lumière : jeune femme libre qui veut s'émanciper de sa famille et des hommes, journaliste envoyée suivre la résistance du village isérois face au barrage, après avoir écrit un article ( inspirée d'un vrai, incroyable de Françoise Giroud, retranscrit à la fin du livre ) qui fait scandale, « Les Françaises sont-elles sales ? ».

Beaucoup d'intrigues, donc, beaucoup de personnages, le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer. Mais j'ai trouvé que cette fois-ci, il manquait du liant entre tout cela. Les raccords entre les différents éléments narratifs sont plus poussifs. Je me suis lassée du personnage de l'épouvantable Geneviève, pourtant mon préférée du Grand monde, ne lui trouvant aucune évolution autre que linéaire ou poussant juste plus ( trop ) loin les curseurs de ses vices sans qu'on ne sente suffisamment l'ambiguïté suggérée : celle d'une femme frustrée de ne pouvoir être un homme avec le pouvoir qui va avec. de même, le dénouement est quelque peu balancé, même si on a bien compris qu'une suite nous attend pour réellement conclure.

PS : à mon avis, ce serait vraiment dommage de ne pas avoir lu le Grand monde avant, afin de profiter pleinement du récit car énormément d'actions arrivent dans le prolongement de celles du premier tome.
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