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Critique de UnKaPart


BD canadienne avec des Vikings dedans, autant dire que Norse incarne le Grand Nord dans toute sa splendeur !
La série compte 4 tomes en VF, qui couvrent les deux premiers épisodes de la VO (Dawn Of The Shield Maiden et Quest Of The Shield Maiden), en attendant le prochain (Raid Of The Shield Maiden) toujours en cours d'écriture.


Dans le domaine de la BD érotique avec du guerrier nordique dedans, j'ai lu Vikings d'Hugdebert, qui, sans m'emporter par son récit, m'avait impressionné par son très haut niveau graphique et sa documentation historique poussée.
LeMay, lui, prend de la distance avec l'Histoire pure en intégrant de la fantasy (loups-garous, sorcières, trolls), ce qui donne à Norse sa teinte spécifique. Il s'en éloigne tellement qu'il n'y a en fait rien à attendre ici en termes d'historicité à part deux personnages ayant existé : Éric Hache Sanglante (Eirik Blodøks), roi de Norvège, et sa femme Gunnhild. Sinon, les Vikings de Lemay restent superficiels, Norsemen lambda sillonnant les mers en drakkars. La culture scandinave se limite à un saupoudrage léger de quelques noms mythologiques, comme ça en passant. Les Walkyries, Fenrir, le serpent Jörmungandr, le duo lupin Sköll et Hati, les divinités Thor et Hel sont évoqués et ça s'arrête là.


Niveau dessin, le style est celui du comics, parfois à la limite du cartoon, avec quelques influences du manga… et surtout pas exempt d'un rendu numérique trop visible, d'arrière-plans vides et pauvres, d'approximations anatomiques (les nuques surtout), de maladresses sur la perspective qui donnent l'impression que certains objets ou décors sont en 2D, de surfaces trop lisses manquant de détails, de profondeur et de volume. Soit une sensation générale de “c'est pas mal, MAIS…”. Au moins, les scènes de cul sont bien dessinées, et c'est heureux puisqu'il s'agit a) du coeur de l'ouvrage et b) du thème qui occupe les trois quarts des pages.
Côté mise en page, je n'ai pas été emballé par l'usage intempestif du gras pour souligner les intonations des dialogues. La formulation et la ponctuation (notamment le point d'exclamation) suffisent au lecteur pour deviner où les personnages appuient en prononçant leurs répliques. Là, le procédé donne l'impression d'être pris pour un débile à qui il faut préciser quels sont les mots importants. Procédé qui est surutilisé au point de ne plus avoir avoir de sens : quand tout est mis en exergue, in fine plus rien ne l'est.


Or donc, on suit l'histoire au Xe siècle de Brianna Gordon, qui vit dans ce que la quatrième de couverture appelle avec un sens consommé de la coquille et du pléonasme les “Higlands écossaisses”. Alors les Highlands, déjà, y a un h au milieu, et comme le toponyme désigne par définition une région d'Écosse, c'était pas la peine de préciser qu'elles sont écossaises, ces hautes terres mal orthographiées.
Brianna est enlevée par des Vikings sous le commandement de celui que la quatrième de couverture appelle, avec un sens consommé de la coquille 2 le retour, “Erik Blodøks dit Eirik à la hache sanglante”. Alors non. Il s'agit d'Eirik Blodøks (son nom en norvégien) dit (en version francisée) Éric Hache Sanglante. On ne mélange pas les langues, même si ça peut sembler dans le ton pour un ouvrage érotique.
Voilà, ça pose le travail éditorial…
Donc l'histoire, puisque c'était l'idée de départ d'en toucher un mot, ben c'est le stéréotype du personnage (souvent une demoiselle ou un marmot) enlevé par des pillards random et amené à vivre en leur compagnie mille et une aventures pleines d'action et d'exotisme. Enfin, en théorie.
En pratique, Norse, c'est du cul avec à peine une histoire autour. Brianna se tape un moine, les Vikings débarquent, Brianna se tape un Viking, Brianna prend un coup sur la tête, Brianna rêve qu'elle se tape deux loups-garous, Brianna se réveille, Brianna se tape un Viking et une sorcière, etc.
Alors j'entends que dans une BD porno on n'attend pas le scénar de l'année et que l'histoire n'est qu'un prétexte à montrer des gens s'enfiler les uns les autres, mais quand même… Si l'idée est juste de dessiner du boulard sans se casser la tête à monter un récit, y a les artbooks pour ça. Si on commence à planter un contexte historique, introduire des personnages, leur donner des dialogues, ben t'es obligé de construire un récit pour lier tout ton bazar, c'est pas une option, hein. C'est TOUT ou RIEN. Là, on nageouille dans l'entre-deux, donc insatisfaisant. LeMay pose des trucs expédiés trop vite pour qu'on s'intéresse à eux (i.e. les personnages secondaires), et ces éléments, par la place qu'ils occupent, viennent limiter l'espace des scènes olé-olé, coincées entre des bouts de récits plus gadgets qu'autre chose.


Tout mis bout à bout, ce premier tome est une mine de trucs pas mal, mais dont aucun assez abouti pour dépasser ce stade du “pas mal”, ce qui donne à l'arrivée une sensation de bof et l'impression de lire un projet, un brouillon, un premier jet, pas un produit éditorial fini. Parce que si, côté auteur, le scénario n'est pas une option, j'ajouterai que, côté éditeur, la direction artistique n'en est pas une non plus. Là, y a ni l'un ni l'autre.
On aurait pu avoir une BD d'heroic-fantasy exceptionnelle, faudra se contenter d'un titre moyen.
Lien : https://unkapart.fr/norse-ja..
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