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Critique de Blok


Partant du constat de l'existence d'un nombre anormal de pathologies mentales chez les grands dirigeants le Docteur Lemoine s'est efforcé de diagnostiquer celles qui ont pu affecter un certain nombre d'entre eux
Bien que l'exercice marque dès l'abord ses limites compte tenu de l'impossibilité d'effectuer un véritable diagnostic en l'absence d'un examen direct du patient, , on peut l'accepter pour ce qu'il vaut
Mais encore aurait-il fallu procéder à une étude sérieuse de la biographie des intéresses d'après les éléments biographiques dont on peut disposer étant bien entendu que plus lon s'éloigne dans le temps plus la matière sera mince et le diagnostic sujet à caution.
Or, même pour les contemporains, les éléments biographiques retenuss sont succincts, et partiellement inexacts.
Churchill est le mieux traité, son trouble bipolaire ayant déjà fait l'objet d'une littérature abondante dont l'auteur a pu s'inspirer.
Plus on s'enfonce dans le passé, plus les choses se gâtent.
Une mention spéciale pour Robespierre, un des hommes les plus injustement calomnies de l'histoire de France, mis sur le même plan qu'Hitler et Staline, ce qui est une falsification grossière mais hélas si répandue que Lemoine est excusable de la partager. Pour avoir une image plus exacte de Robespierre, on peut lire les ouvrages de Jean -Clement Martin.
Il serait trop long de tout rectifier.
On fera seulement un sort à une erreur grotesque : Lemoine affirme que Caesar signifierait en latin « éléphant »  alors que son sens est tout différent; on ne voit même pas où il a pris cette idée, dont il tire cependant des conséquences psychologiques ; c'est un détail mais significatif du sérieux de l'entreprise.
Rien n'effraie l'auteur ; il s'attaque ensuite aux fondateurs de religions (fous par définition selon lui) ; le chapitre consacré à Jésus pourrait être co-signé par Dan Brown ; il fait aussi un sort à Bouddha mais oublie Mahomet (c'était sans doute plus prudent)
Plus loin, il passe carrément à Dieu le Père ; peut-être s'agit-il là d'une plaisanterie. On l'espère, mais on en doute.
Il n'hésite pas non plus devant l'analyse de personnages fictifs, savoir les Rois de la Bible, de Saül à Salomon, dont l'existence, contrairement à ses dires, n'est attestée par aucun texte extérieur aux Écritures.
Et pourquoi pas, tant qu'à faire, passer à Mme Bovary ou à Don Quichotte (un cas bien intéressant..) Remarquez que leur analyse psychologique a déjà été faite abondamment alors pourquoi pas psychiatrique? Pour ceux qui les aiment, ils accèdent à une forme d'existence. Et on en sait beaucoup plus sur le baron de Charlus que sur Alexandre le Grand.

Venons-en maintenant à ses propositions de traitement , qui donnent une image bien inquiétante de la psychiatrie. Je ne parle pas bien sûr des prescriptions de médicaments et recours à des thérapies diverses.
Je ne parle même pas de la mise sous tutelle de Catherine II de Russie, nous restons dans le domaine du grotesque,
Je parle des internements d'office préconisés pour Hitler, Staline et Robespierre. J'ai déjà essayé de rétablir la vérité historique au profit de ce dernier.
Mais, me direz-vous, pourquoi en effet ne pas interner Hitler et Staline ?
Pourquoi, en effet ?
Mais parce qu'il n'y aurait pas eu de raison ! Leur discernement n'a jamais été aboli.
Prenons le cas d'Hitler. En 1922 encore, il n'a commis aucun acte délictueux.
En 1923, il tente de prendre le pouvoir par la force (Putsch de la Brasserie). le putsch échoue. Conformément à la loi, il est arrêté, jugé et emprisonné, sans doute trop légèrement, mais ce n'est pas le propos. Mais le Tribunal ne songe même pas à demander une expertise psychiatrique.
S'il avait été capturé vivant à la fin de la guerre, il aurait été jugé et sans doute condamné à mort et exécuté comme un certain nombre de ses complices. Mais là encore, et malgré les troubles psychologiques qu'il présentait à la fin de la guerre, on ne serait pas posé, et à raison, la question de ses facultés de discernement.
Ce qu'il faut bien voir, c'est que rien ne peut justifier l'internement psychiatrique d'un homme dont les facultés de discernement ne sont pas affectées et qui n'a commis aucun délit sur la seule base de l'avis d'un psychiatre concernant une folie qui ne se manifeste pas de façon explicite, et impliquant selon lui une dangerosité éventuelle.
Et on peut d'ailleurs se demander si ledit psychiatre n'est pas lui-même affecté d'un mégalomaniaque avec hypertrophie de la volonté de puissance. Mais cela n'a rien d'exceptionnel chez les membres de cette honorable profession.
Après tout, la différence entre Dieu le père et un psychiatre, c'est que Dieu ne se prend pas pour un psychiatre
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