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Critique de cathcor


On voudrait que, une fois ce mince livre refermé, les adolescents confrontés, à travers leurs parents, au chômage, à l'humiliation, à la précarité, se sentent un peu moins seuls, et que ceux qui ne connaissent pas ce drame aient un vrai regard de "sympathie" ( étymologiquement : souffrir avec ) sur "les autres", sur ceux qui, un jour peut-être, ont été eux aussi heureux.
Toute la gamme des situations et des sentiments que le chômage entraîne sont là, vécus à travers six ados, dont les destins se rencontrent l'espace d'une nuit, puis à travers "L'homme ", le père de Karine et de Bruno, qui a perdu jusqu'à son nom, le seul qui ne parle pas à la 1ère personne, puisqu'il n'est plus une personne, mais seulement un homme sans travail...
Il y a donc Karine, la surdouée 135 et son petit frère Bruno, rivé à son écran d'ordinateur, mais que des mots de "grands" viennent pourtant rejoindre, des mots comme "assisté", à moins que ce ne soit l'odeur forte de son papa, qui n'a plus le courage de se laver. Il y a Flavien, l'obèse, qui a un jour été un mince enfant poète que son père amenait sur sa Harley voir une corrida pour qu'il "s'en fasse une idée par lui-même". Il y a Anthony, définitivement étiqueté cyclothymique, qui remplace par l'alcool le manque de dialogue avec les adultes, Anthony qui joue les durs, puisque sa mère ne sait que lui demander "quelle connerie il a encore faite" quand il arrive péniblement à lui dire "Je t'aime, maman". Il y a Cyril, qui se laisse entraîner dans le vol d'une voiture. Il y a Hugo qui, tout à coup, explose de violence parce qu'il ne supporte plus de voir sa mère humiliée et offensée à Pôle Emploi.
Et il y a ces mères, résignées ou révoltées, celles qui luttent encore et celles qui n'appellent plus leur mari par son prénom, qui sont prêtes à abandonner tout, maison, époux, enfants.
Il y a les premiers temps du chômage, où le coeur était encore à l'espoir, presqu'à l'euphorie, parce qu'on disposait enfin de temps pour les siens et qu'on croyait qu'il est facile de retrouver du travail quand on est qualifié.
L'écriture de ce roman est simple, sa lecture facile grâce au découpage en courts chapitres, et l'utilisation de la première personne - sauf, on l'a dit, pour le dernier chapitre consacré à "l'homme" - permettra aux adolescents, même à ceux qui ne sont pas de grands lecteurs, une forte identification.
Merci à Babelio, à Masse Critique, à Christophe Léon l'auteur, et aux éditions La joie de lire, dont on ne peut qu'encourager la collection "Encrage".
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