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Critique de BazaR


Le cycle de Lanmeur prend, avec cette troisième intégrale, un chemin auquel je ne m'attendais pas.

L'intégrale s'ouvre pourtant sur une nouvelle histoire de contacteur, « La Mère », tout à fait dans le ton des intégrales précédentes. Elle m'a beaucoup fait penser à l'Île du Sommeil dans le roman de Robert Silverberg « le Château de Lord Valentin ». Christian Léourier confirme sa grande maîtrise de la forme courte.

Les deux romans qui suivent et la nouvelle qui les sépare forment un sous ensemble du cycle différent de ce à quoi l'auteur nous avait habitués. Au fond, il est normal que les choses évoluent. A force de Rassembler les humanités de la galaxie autour d'elle, Lanmeur se voit obligée d'accorder l'asile sur sa propre planète à ceux que, dans son immense prétention, elle continue à appeler les « barbares ». Un nouvel ordre des choses se met en place, dans lequel elle ne tient plus forcément les rênes.

Mais ce n'est pas vraiment cela que Christian Léourier souhaite nous raconter. Il met l'accent sur la création et l'exploration d'un nouvel univers que les lanmeuriens veulent virtuel, un univers « rêvé » et idéal d'où viendront toutes les solutions : l'Irgendwo. Si l'exploration ethnologique est devenue difficile voire impossible dans l'univers de Lanmeur ‒ car les sociétés Rassemblées, à présent en contact étroit, voient leurs différences culturelles s'atténuer ‒ elle redevient possible dans l'Irgendwo qui nous offre de très belles constructions (dans le roman « La terre de promesse »).

L'auteur met en musique un ensemble d'idées qu'il semble avoir ruminé depuis un moment, nourri de l'éclosion de l'internet pour tous, de théorie du Chaos et du théorème de Gödel (en pratique ici : l'homme ne peut tout connaître de l'univers car il en fait partie. Pour l'expliquer dans son entier, il faut sortir de l'univers). Les « rêveurs » deviennent en quelque sorte les dieux de la création de l'Irgendwo, création qu'ils croient un instant contrôler mais qui finit par leur échapper (le chaos, l'aile du papillon, tout ça).

Dans mon interprétation, Irgendwo représente pour Lanmeur ce que Lanmeur représente pour Léourier : une création qui lui échappe et qu'il ne voit pas comment conclure tout en restant dans les limites de son univers initial. Irgendwo, les rêveurs, l'intrigant artefact qui apparaît et disparaît mystérieusement de façon intermittente, tout cela pose la question de ce qu'est la réalité et de ce qu'est le virtuel. Tout cela montre aussi que l'auteur a baissé les bras et renoncé à trouver une fin intéressante à l'intérieur de son schéma originel. Il a donc pris des chemins détournés et essayé de faire diversion, consciemment ou pas.

Diversion ou pas, cette troisième intégrale reste intéressante et agréable à lire. Il lui manque cependant la magie de la première.

Dix ans plus tard, Christian Léourier a écrit une quatrième intégrale entièrement inédite. D'après le titre, on va approfondir la naissance du Rassemblement. Comment l'auteur at-il décidé de traiter le sujet ?
Mystère… pour l'instant.
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