AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pavlik


Après "l'Homme qui tua l'Hiver", roman qui me fit découvrir Christian Léourier et son cycle de "Lanmeur" (découverte due aux excellentes critiques de Relax67), j'ai poursuivi avec "Ti-Harnog" et le moins que l'on puisse dire c'est que je ne suis pas déçu.

Twern est un Contacteur. Originaire de la planète Lanmeur il a pour mission, après un voyage en hibernation de plusieurs années, d'explorer la planète Ti-Harnog et de transmettre des données afin de préparer une colonisation qui s'insère dans la doctrine du Rassemblement. En effet, beaucoup de mondes sont habités par les hommes (sans que l'on sache vraiment comment cela est arrivé) et Lanmeur, premier de ces mondes à avoir acquis la technologie du voyage spatial longue distance, se sent investi de l'obligation de rassembler ces peuples en une seule humanité. Si "l'Homme qui tua l'Hiver" nous présentait un monde depuis longtemps colonisé, nous sommes, avec "Ti-Harnog", à l'étape précédente. Nous découvrons donc, en même temps que Twern, une culture riche et originale, davantage travaillée encore que celle de "l'Homme qui tua l'Hiver". Comme dans ce dernier, c'est là la grande force de ce roman.

Le monde de Ti-Harnog est divisé en castes (Nautes, Messagers, Cultivateurs, Saigneurs...) qui possèdent chacune une Vérité (à la limite une éthique) que chacun de ses membres doit suivre. Tous les individus naissent femme et, à peu près à l'âge de la ménopause, deviennent homme (ce que l'on nomme la murkéto) et choisissent alors une caste. La société est donc patriarcale et essentiellement rurale et agraire. J'ai été surpris, au début, de l'absence de fait religieux et de croyance en des divinités quelconques. Mais, en comprenant l'extrême importance du symbolique sur Ti-Harnog, cela ne parait plus si étrange finalement. En effet, le langage y est essentiel et il façonne véritablement les hommes. Enfreindre la Vérité de sa caste est un crime majeur qui vaut l'exil en terre des Horcs (hors castes). Les Conteurs sont une caste influente et leur parole a, au-delà du sens, du pouvoir. C'est l'un d'eux, Talhael, qui va être chargé de s'occuper de Twern : lui qui se présente vierge d'attributs propre à une caste intrigue et contourne le problème en se disant amnésique. Une caste sera donc créée spécialement pour lui, celle du Visiteur. Mais bientôt la rumeur enfle. Serait-il le Penn't Adében, l'homme du début et de la fin (le seul mythe existant dans la civilisation Harnogéenne) ? le strict équilibre entre les castes va petit à petit se modifier et c'est tout un monde qui se trouvera bouleversé...

On peut, à la rigueur, reprocher à l'intrigue de ce roman de n'être qu'un prétexte pour explorer le monde de Ti-Harnog (encore que je la trouve beaucoup plus construite et moins linéaire que celle de "l'Homme qui tua l'Hiver") mais, à la limite, on s'en moque, tant celui-ci s'avère original et passionnant et ce, avec une remarquable économie de moyen (pas de technologie powerfull, pas de races extraterrestres exotiques, pas d'empire galactique...). C'est véritablement par le langage et les symboles que Christian Léourier construit une culture à la fois très proche et très éloignée de la notre, tout en distillant cette ambiance mélancolique si particulière. Alors c'est sur "Ti-Harnog" ne plaira surement pas à tous les amateurs de sf plus classique mais pourra, à contrario, ravir des lecteurs hermétiques au genre.
Commenter  J’apprécie          252



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}