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Critique de Pavlik


Au delà de son titre intriguant, l'Homme qui tua l'hiver se révèle être un roman de sf plutôt agréable à lire, bien que tout n'y soit pas non plus excellent. le récit met en scène la découverte de la planète Nédim par une jeune archéologue nommée Akrèn, venue, au terme d'un voyage stellaire de plusieurs années, entreprendre les fouilles d'une cité mythique : Gogleth. Mythique, Gogleth l'est pour deux raisons : d'abord elle atteste que les Nédans, aujourd'hui nomades, battirent une grande civilisation. Ensuite parce qu'elle serait la demeure de Héloc, le dieu de l'hiver. En effet, le climat est très rude sur Nédim, du fait d'une longue révolution autour de son étoile, et les hivers, comme les étés, durent plusieurs générations. Ces conditions extrêmement rudes sont au coeur de la mythologie nédane puisqu'elle sont personnifiées par la lutte éternelle que se livre Bléoc (l'été) et Héloc.

L'une des grandes force de ce livre est sa capacité à nous décrire, et au delà à faire vivre, une civilisation très originale, avec moult détails, jamais tape à l'oeil ni artificiels, mais au contraire crédibles et qui, à la longue, forment un tout cohérent. On pense un peu, à l'évocation des coutumes nédanes aux Inuits de notre bonne vieille terre, mais sans que cela sente la contrefaçon. Une autre des qualités de ce roman est la réflexion qu'il porte, plutôt en filigrane qu'en étendard, sur la colonisation, en tant que méthode d'expansion d'une civilisation, et sur les rapports entre colonisateurs et colonisés et, au delà, sur les rapports entre cultures fortement inégalitaires au niveau technologique, en tout cas sur le papier.
Akrèn, en effet, vient de la planète Lanmeur (le roman fait d'ailleurs partie d'un cycle plus vaste, baptisé ainsi) qui prône la doctrine dite du Rassemblement, celui de toutes les civilisations au sein d'une même humanité. On entend donc également, en creux, une critique de la standardisation et de l'homogénéisation.

En revanche, au niveau de l'intrigue en elle-même ça reste relativement linéaire, voire morne à certain moments. Si le style est plutôt agréable et les personnages, notamment la confrontation entre Akrèn et Ennian (le guide des nédans), sont bien caractérisés, avec une certaine profondeur, l'histoire ne connait aucun rebondissement particulier. On est dans le cadre d'un récit d'expédition (celle d'Akrèn vers Gogleth, accompagnée par Ennian et ses hommes) mais qui, heureusement, de part la capacité de l'auteur à rendre son univers crédible et original, ne s'embourbe pas dans l'ennui. Enfin j'ai été relativement déçu par la fin, bien trop vite expédiée, par rapport aux enjeux soulevés et qui ne tranche pas clairement (mais peut-être n'ai-je pas su voir où voulait en venir l'auteur) entre registre symbolique, mythique ou réel.

Quelques faiblesses donc, mais qui ne sauraient masquées les grandes qualités de l'imaginaire de Christian Léourier ainsi que la critique morale que porte ce bon roman de sf.
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