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Critique de Myriam3


Après Voyage aux îles de la Désolation, je continue ma découverte d'Emmanuel Lepage par ce livre.
Je m'attendais à rencontrer des hommes, des enfants ou des animaux déformés, cadavériques et vivant dans la misère, et tout en commençant le livre, je me rendais compte à quel point, même si la catastrophe de Tchernobyl est tristement célèbre, on ne sait rien par les médias de ce qui se passe aujourd'hui dans la zone irradiée et dans ses alentours, ni à quoi elle ressemble maintenant. Elle est comme un trou noir sur Terre bannie de la vie.
En 2008, Emmanuel Lepage s'engage, en tant que membre de l'association Dessin'Acteurs, à partir deux semaines sur place au sein d'un groupe d'activistes et de rapporter les dessins de ce qu'il y aura vu. Il pèse bien sûr les dangers, le risque de radiation bien sûr, et prend soin de se protéger autant que possible.
Ils vivent ainsi quelques semaines dans une maison abandonnée et nettoyée et rencontrent ceux du village, qui sont restés ou revenus, s'approchent du site, visitent.
Le témoignage qu'en ramène Lepage est tout aussi surprenant pour moi qu'il l'a été pour lui. Si la découverte de Pripriat, ville nouvelle, moderne en 1986 et totalement abandonnée ensuite, apocalyptique avec ses immenses avenues vides, ses manèges désertés et abîmés par les intempéries et l'atmosphère inquiétant qui y rôde - chargée en radiations, le temps presses - les forêts au contraire sont vertes, lumineuses, luxuriantes, une rivière s'y écoule paisiblement, des animaux sauvages s'y promènent. Tout cela n'est qu'apparence: hors de question de s'asseoir dans l'herbe, de ramasser tout crayon qui y tombe, de toucher les branches des doigts. La nature est dangereuse.
Aux frontières de cette zone interdite, toute une faune humaine s'arrange, parfois irrésistiblement attirée par ce monde abandonné, venant y piller aussi, démembrer les habitations, récupérer du matériel - revendu en Europe!- .
Le groupe y récolte témoignages et portraits de ceux qui se sont adaptés. Pourtant, difficile de ne pas penser que tous ces enfants qui rient et s'amusent joyeusement sont contaminés, seront malades tôt ou tard et condamnés.

Les illustrations sont belles bien sûr, effrayantes ou lumineuses. Lepage semble revenir de ce voyage déconcerté par ce qu'il ramène, ces images parfois banales qui cachent la monstruosité derrière la beauté.
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