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Critique de Slava


Slava
04 février 2021
Petchorine est un jeune officier russe expédié dans le Caucase montagnarde du XIXeme siècle suite à un duel mortel mais aussi pour une mission diplomatique concernant l'intêret russe sur le Caucase. Il s'y ennuie fermement dans cette région sauvage et se met à distance des habitants qu'il juge rustre et peu civilisé. Mais un jour une belle femme captive son attention, Bela une Tcherkesse. Elle est jalousement gardée par sa tribu, d'autant plus qu'un autre homme la convoite, un brigand du nom Kazbitch. Que cela ne tienne, Petchorine compte approcher la damoiselle, aidé par Azamat le frère de cette dernière...
Voilà le résumé de cette longue nouvelle d'un auteur russe peu connu dans notre Hexagone, Michael Lermontov alors qu'il est célèbre en Russie et surtout dans le Caucase dont il est surnommé d'ailleurs le Poète du Caucase. Un romancier à la vie tumultueuse, inspiré par Poutchkine et Byron, fuyant une Russie étriquée par l'absolutisme et les vieilles conventions pour les libres terres caucasiennes à l'atmosphère primitive, et qui ne vécut pas longtemps puisqu'il décède suite à un duel alors qu'il n'a même pas trente ans. Un esprit fougueux et romantique qui se ressent fortement dans cette histoire d'amour tragique (car elle se finira mal évidement) où la vengeance, la mort et l'honneur en sont prédominants.
C'est un voyage passionnant dans la rude Caucase où les habitants sont frustres mais fiers, violents mais héroiques à leur manière, attachant une importance quasi sacrée à l'honneur. le Caucase c'est l'équivalent de notre Corse et de la Sicile, une terre étrange pour les citadins perçue comme arriérée mais à l'audace et une certaine impertinence que les villes n'ont pas. Une terre qui surprend par l'influence orientale qui l'imprègne, une bonne partie de ses habitants étant musulmans et les mots perses et turques abondent dans le langage local. de quoi nous dérouter mais aussi nous charmer.
Dans le paysage romantique des montagnes, l'amour vient naturellement pour le protagoniste sentimental et libre mais la vision en est très mélancolique. Car Petchorine a des tourments intérieurs en lui qu'il fait que malgré les feux qu'il éprouve pour cette Tcherkesse, il ne parvient pas à se détacher de sa maussaderie qui l'encombre tel un lourd poids. . En revanche, de Bela on n'aura point son point de vue, ni de ses ressentis, symbolisant son statut inférieur dans un monde d'homme y compris même pour son amant.
Le style est byronien, tout délicat et lyrique, que la poésie y est présent souvent : les paysages sont longuement bien décrits et l'auteur y met du temps pour raconter les états d'âmes de ses personnages. Lermontov aime cette terre éloignée du monde civilisé et surtout s'indentifie à un héros au final morose et troublé, qui n'accomplira pas de grand fait héroique.
Une oeuvre bien singulière idéale pour découvrir un auteur des plus méconnus qui a pourtant influencé bien des écrivains russes comme Tolstoi où Dostoveisky, et qui bien qu'écrite dans un siècle romantique et quelque peu suranné, avec les préjugés qu'il peut y avoir, nous transporte dans les fougues de la Caucase. Une autre parcelle de la littérature russe et de ses idées slaves à lire en quelque sorte.
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