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Critique de SerialLecteurNyctalope


•JE SUIS MÉDOCAIN (même s'ils ne veulent pas de moi)•

Trente-trois nouvelles pour une collection qui vaut de l'or. Agullo Court ouvre le bal avec Presqu'îles de Yan Lespoux au coeur du Médoc. Oui je vous vois venir, prenant votre verre de Château Lafite en cette période où l'alcool coule à flots. Oubliez tout, ici nous partons à la rencontre de ces femmes et de ces hommes oubliés. Avec leur spécificité, leur us et coutumes, les médocains auraient pu être basques, corses, bretons, tant ils sont universels. Ces invisibles dont on n'entend jamais parler, qu'on côtoie de près ou de loin sans jamais s'intéresser à eux.

Sur la route des vacances, nous voyons défiler les panneaux de bourgades surprenantes où la Terre est un élément essentiel. Recueil sur les Hommes et leur quotidien et non sur une nature contemplative, Yan Lespoux use de son talent pour faire vivre chaque nouvelle au travers des gestes, des paroles, des regards, des attentions. Nul besoin de descriptions lancinantes, les médocains respirent le naturel.

Vous croiserez un coin secret de champignons que l'on rencontre dans tout arrière-pays qui se respecte, celui que l'on préfère garder pour soi tant l'information se diffuse. Un bordelais recalé car il n'est pas né au bon endroit, lui le « parisien » qu'on aime détester. Vous rirez malgré vous devant la tradition du premier noyé, marquant l'arrivée des touristes vers la mi-avril ou vous vous reconnaîtrez dans le portrait au vitriol du parisien qui loue sa résidence secondaire avec bonheur mais que le coin n'est jamais à son goût quand il y passe ses vacances (ma préférée, une sorte d'apericube saumon).

Vous sentirez l'odeur des pins, la marée qui monte, l'écume des vagues, l'accent qui chante. Avec un langage brut, vrai et naturel pour ses personnages, Yan Lespoux écrit pour eux, cela se sent, il aime les invisibles de son pays. À travers des émotions, des sensations et des événements parfois sombres qui sont passent, Yan Lespoux est non seulement arrivé à faire de cette région un personnage à part entière mais également à tisser des liens entre les nouvelles. Avec le sens de la chute et un rythme soutenu par la brièveté des textes, on embarque avec délectation dans la tête de chaque médocain. Humour, rythme, découverte, subtilité et ironie font bon ménage chez Yan Lespoux et c'est un cocktail dont on se délecte.

La préface de Hervé le Corre, brillante et éloquente, parle de résine qui colle aux doigts. Parfois les autres écrivent parfaitement ce que vous ressentez, rien à ajouter. Excepté peut-être que Raymond Carver et tant d'autres n'ont jamais réussi à me faire aimer les nouvelles.

Yan Lespoux y est-il arrivé ?
La réponse est OUI. Tirez-en les conclusions qui s'imposent.
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