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Critique de fanfanouche24


Un inédit de Doris Lessing, auteure découverte il y a bien longtemps avec le « Carnet d'or » !!!

Ce texte très court n'en est pas moins dense, et assez douloureux. le prix Nobel de Littérature y raconte son enfance, ses rapports difficiles et houleux avec sa mère, un père qu'elle adorait, mais qui avait été profondément traumatisé par la première guerre.

Ses difficultés de rapport avec cette mère énergique, autoritaire, mais pétrie de conventions, ayant à sa décharge, aussi supporté moult épreuves, ont été telles que la narratrice parle le plus souvent d'elle à la troisième personne… pour mettre à distance… en quelque sorte des rapports complexes, jamais pacifiés…

« Nous parlons sans cesse du fossé entre les générations. Mais fut-il jamais aussi marqué qu'entre la génération de mes parents et la mienne , Ils croyaient que l'Empire britannique était la plus grande puissance au service du bien existant au monde, et que Dieu était aussi de cet avis. Que les blancs étaient supérieurs à tous les hommes d'autres races, et que le peuple anglais était supérieur à tous les autres peuples blancs. Que la minorité blanche dans les colonies était là, avec l'assentiment de Dieu, pour civiliser et faire progresser les indigènes. Ils croyaient au Devoir. Au patriotisme. A l'Amour du travail bien fait. A la pérennité du mariage. A la vie de famille » (p.122)

Ce récit me fait songer à maints égards à un autre texte autobiographique d'une dame, écrasée par la personnalité très forte d'une mère, … je parle de Marguerite Duras, avec ce texte exceptionnel, « Un
Barrage contre le pacifique »…

Doris Lessing raconte… reconnaît son injustice envers sa mère…Mais aussi la nécessité « vitale » de s'affranchir de cette personnalité trop forte et rigide…dans un contexte colonial, de surplus .

« Ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est que mes pensées n'ont guère évolué depuis lors. D'un côté, cette pauvre femme n'avait commis d'autre faute que d'avoir connu une série de malheurs, à commencer par la mort de sa mère quand elle avait trois ans, et elle méritait d'être aimée, soutenue, entourée de tendresse. Pourtant je devais la combattre à tout instant, autrement elle n'aurait fait qu'une bouchée de moi. (p.130) »…

De nombreux éléments de cette enfance très riche en émotions , familialement et socialement ( par cette implantation en Rhodésie, dans une société à l'opposé de leur milieu d'origine : l'Angleterre bourgeoise et guindée…)expliquent l'esprit extrême d'indépendance de cet écrivain. Après ce récit… je lirai ou relirai ses textes , avec une autre attention, un regard autre….un texte très court mais qui narre mille choses d'une génération, d'une époque… d'une vision du monde, d'êtres fracassés par la guerre.
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