AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Rochechouart


Une très bonne biographie sur Robespierre. Ecrit dans un style académique, un peu froid, le livre ne se lit certes pas comme un roman, nous ne sommes pas entrainés par le souffle de la Révolution, mais le sérieux est au rendez-vous. On peut notamment souligner le grand souci apporté aux questions historiographiques, traitées par l'auteur tout au long du texte, qui permet de mettre fin à certains mythes collant encore à la peau de Robespierre (personnalité sordide dès l'enfance, ses rapports avec les femmes, son absence d'humour...), ou d'éclairer sur la valeur de certaines sources utilisées par d'autres historiens. C'est fait avec pédagogie, et c'est d'autant plus appréciable vu l'ampleur de la légende noire entourant Robespierre.

Les premiers chapitres, qui s'étendent sur les études et l'exercice du métier d'avocat par Robespierre sont très bons, et permettent de voir autre chose que le politique, mais aussi d'observer la continuité entre sa profession d'avocat et son engagement politique, particulièrement dans les méthodes. Leuwers montre bien que c'est un excellent orateur, très tôt remarqué pour cela, mais que c'est aussi et surtout un homme qui connait la force de l'opinion publique, et qui sait la mobiliser.

Toute la partie sur l'engagement révolutionnaire est très bonne, et encore une fois très sérieuse. L'auteur nous gratifie en plus de brefs discours commentés en guise d'interlude entre les chapitres, ce qui permet d'admirer tout le talent d'orateur et d'écrivain de Robespierre.
Ceci dit, malgré les nombreux extraits qui ponctuent cette biographie, avoir de plus longs extraits de discours, ou des développements un peu plus approfondis de certaines de ses positions politiques aurait été appréciable, l'auteur se contentant parfois d'un descriptif assez succinct.
J'ajoute aussi que le récit de sa chute aurait mérité de plus amples développements.

Deux bémols subsistent selon moi : le très faible développement de la vie privée de Robespierre : ses relations avec sa famille ou ses (éventuelles) relations sentimentales sont seulement évoquées. On peut aussi regretter par exemple l'absence totale de mention sur l'amitié (pourtant légendaire) entre Robespierre et Saint-Just.

Enfin, les euphémismes quant aux exécutions et répressions ordonnées par le gouvernement révolutionnaire : l'auteur se contente souvent de dire que des décrets d'accusation sont pris contre les ennemis de la patrie plutôt que de dire explicitement qu'ils sont guillotinés. Il n'y a aucun récit précis de la répression ayant eu lieu dans l'Ouest et le Sud, ni des exécutions célèbres (Louis XVI, Danton, le couple Desmoulins...), et surtout, pas de mention approfondie des réactions de Robespierre. La terreur est bien remise dans son contexte, l'auteur défait la légende noire, mais, dans son récit, je trouve qu'on ne se rend pas tout à fait compte de la politique défendue par Robespierre quand ses conséquences ne sont pas concrètement dépeintes.

En bref, une très bonne biographie, académique, qui aide à écarter la légende noire entourant Robespierre, pour voir le tribun talentueux qui se cache derrière, sa constance dans ses principes, et sa hargne pour maintenir l'unité de la Révolution, en éliminant les factions adverses.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}