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Critique de Dautresplumes


Il y a les Hommes d'un côté, les Dieux de l'autre, et au milieu, les Immortels. Kerentsil fait partie des premiers. Ancien voleur plutôt doué, c'est aujourd'hui un marchand aisé qui vit paisiblement sa vie dans le Tourpana. le jour où Astarya, une Immortelle qu'il reconnait comme étant l'ex-reine de son pays, vient lui demander son aide pour retrouver le grimoire magique volé de son frère Narantewé, la vie de Kerentsil va prendre un tournant radical et inattendu. Ce n'est pas une simple quête qu'il accomplira, mais une véritable aventure qui le mènera à côtoyer le pire tyran des pays d'Orient, mais également, et surtout, une déesse aux charmes indéniables. Jusqu'à quel point les Hommes et les Dieux peuvent peuvent rapprocher leurs deux mondes ?

Voici donc ma troisième rencontre avec la plume d'Alexandre Lévine, et pour cette fois, point d'érotisme, mais de la fantasy pure et dure. (mes chroniques pour Prêtresses du sexe et le château entre les arbres) Encore une fois, je reconnais que ce n'est pas un genre de lecture qui m'est très familié, je suis plus souvent portée vers le fantastique. Malgré tout, le côté mythologique qui collait au résumé m'avait vraiment donné envie de tenter l'aventure avec Kerentsil. À la fermeture de ce livre, je peux dire que mon ressenti général est vraiment positif.

Comme toujours, je vais commencer par les points qui m'ont vraiment plu lors de ma lecture, et le premier est incontestablement les personnages féminins. Étrange dites-vous ? Pas vraiment, car à vrai dire, j'ai trouvé que ce livre mettait vraiment les femmes en avant, en valeur. Ce sont des personnages forts, avec du caractère, et qu'elles soient humaines, ou non, elles font preuve de beaucoup de courage tout en sachant reconnaitre leurs torts et leurs faiblesses. Vous êtes prévenus, là où je m'attendais à un univers très très masculin, finalement, ce sont bien les femmes qui prennent le devant de la scène !
Ensuite, comme je m'y attendais, l'aspect mythologique du récit est omniprésent et très prenant. J'aime beaucoup la mythologie, notamment la mythologie grecque, et j'y ai retrouvé beaucoup de points communs qui m'ont permis de ne pas trop être perdue, car franchement, quand on vous parle de plein de dieux différents, il faut parfois un temps d'adaptation pour s'y retrouver. Mais ce qui m'a surtout très agréablement surprise, c'est que l'auteur ne les présente pas du tout comme des êtres supérieurs à tout, aux pouvoirs illimités et infaillibles. Bien au contraire, les dieux d'Alexandre Lévine ont eux aussi leurs faiblesses, ont eux aussi leurs torts, ont eux aussi des défauts. Sans les mettre à hauteur des humains non plus, ce ne sont pas des être tout puissant. D'ailleurs c'est très bien présenté à un moment lorsqu'il est précisé que les Dieux sont régis par une force qui les dépasse : le Destin. Et j'avoue que j'aime beaucoup cette vision des choses, qui changent radicalement de nos visions contemporaines d'un Dieu… Comme vous pouvez le constater, en plus d'offrir un récit avec une aventure prenante, ce livre peut également entrainer nombre de réflexions personnelles.
Et parlons de cette aventure, car nos personnages entreprennent un long périple dangereux qui va notamment les mener vers les pays d'Orient. J'ai eu beaucoup d'admiration pour le talent de narration de l'auteur. Rien n'a été laissé au hasard, tout est bien décrit et je pouvais presque sentir les effluves des épices lorsque nous traversions un marché. J'ai simplement parfois été un peu gênée par la place prépondérante des vêtements et bijoux dans les descriptions. Certes, ce sont des éléments importants pour la reconnaissance du pays d'origine et de la classe sociale d'une personne, mais à certains endroits ça revenait systématiquement et de manière trop rapprochée.

Pour les points qui ne m'ont pas vraiment séduite, je parlerai en premier de la vision de l'amour. J'ai été surprise du peu d'importance offert à ce sentiment, dans le sens où c'est trop facile. À de nombreuses reprises, nous assistons à l'intervention de Laraouna, la déesse de l'amour, qui finalement, à mon goût, déshumanise trop ce sentiment, elle en fait quelque chose d'entièrement divin et contrôlé, exit la spontanéité des sentiments et toute la fragilité qu'ils peuvent apporter. Cela m'a un peu dérangée, même si j'ai gardé en tête que ce n'était pas du tout une histoire à l'eau de rose que je lisais.
Autre point, j'ai trouvé ma lecture trop longue pour ce qu'il s'y passait. Finalement, en refermant le livre, je me suis dit : ça aurait pu être plus court, sans dénaturer l'histoire. J'ai notamment noté quelques redondances à plusieurs reprises. Par exemple concernant l'histoire d'Astarya, son passé, son règne, son père, j'ai eu l'occasion de lire ce récit à plusieurs reprises car très souvent, lorsque nos personnages en rencontrent de nouveaux, il est de nouveau racontée, ce qui n'est pas vraiment utile pour le lecteur qui l'a déjà lu quelques pages plus tôt. de plus, au final, il n'y a pas tant d'actions que cela alors que le livre a un nombre de pages assez conséquent ! Plusieurs fois, lorsque le rythme était plus lent, j'ai eu l'impression que la fin n'arriverait jamais. Alors peut-être que le rythme est trop inconstant, je ne dis pas qu'il faille de l'action constamment, mais il y a des écarts importants entre les moments calmes et les moments plus actifs.
Dernier petit point « négatif » c'est au niveau du nombre de personnages et de leurs noms. Non seulement ils ne sont pas faciles à retenir mais en plus, certains personnages n'ont pas un mais bien plusieurs prénoms très exotiques que je devais retenir. C'est un détail mais j'ai été contente de lire ce livre assez rapidement sans rien lire d'autre à côté parce qu'on peut très vite oublier qui est qui et ma lecture aurait probablement était laborieuse si j'avais oublié au fur et à mesure…

Côté personnage, je n'ai pas vraiment eu de coup de coeur. Comme je l'ai dit, j'ai apprécié les personnages féminins mais sans réussir à m'attacher à l'une en particulier, probablement parce qu'aucune ne partage mon état d'esprit, mais d'un autre côté vu le contexte, ce n'est pas étonnant (c'est peut-être pour ça que je lis peu de fantasy d'ailleurs). Par contre, au début du livre, j'appréciais grandement Kerentsil. Et c'est avec plaisir que j'ai vu son personnage beaucoup évolué au fil des pages. Malheureusement, le personnage qu'il est devenu à la fin me plaisait bien moins. Je trouvais qu'il devenait imbu de sa personne et que le fait d'être choisi par les Dieux et de les « côtoyer » pendant toute l'histoire lui ait un peu monté à la tête ! Toutefois, même si son évolution ne m'a pas vraiment plu, je dois reconnaitre que c'est un plus indéniable de réussir à faire grandir un personnage à ce point.

Enfin je découvre Alexandre Lévine dans un exercice autre que l'érotisme pur. Et j'ai eu raison de pousser ma curiosité jusque là car j'ai été très impressionnée par l'univers maitrisé qu'il a construit dans le grimoire volé. On sent la minutie avec laquelle l'auteur a tout mis en place de A à Z, en créant une histoire, un passé pour la plupart des personnages et en dressant devant nous un paysage précis et détaillé. Quant au style d'écriture, j'ai parfois été troublée par le style assez soutenu et poétique qui peut un peu donner l'impression de trainer en longueur l'histoire mais c'est une habitude à prendre, même si j'avoue être tout de même plus à l'aise par une plume plus directe et franche, notamment pour les descriptions.

Vous aimez la fantasy, ou voulez tenter avec ce style ? Les pavés ne vous font pas peur et les Dieux sont avec vous (en gros, vous aimez les univers mythologiques) ? Alors foncez sur le grimoire volé qui ne devrait pas vous décevoir ! Et au passage, la couverture est vraiment une merveille !
Lien : http://dautresplumes.fr/2013..
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