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Critique de HordeDuContrevent


« Une taille de guêpe », nouvelle de la chinoise Chi Li publiée en 1986, est en train de passer de mains en mains au sein de notre petite communauté…ceci grâce à Mh17 qui nous offre régulièrement ses trouvailles, de petites pépites et celle-ci brille d'un bel éclat. J'ai l'impression que chacune de nos critiques se font perles de Jade d'un collier que nous nous passons et qui devient de plus en plus coloré et fourni.

Cette courte nouvelle est un tableau, une aquarelle sombre où les contours de la ville, des rues, des bâtiments sont flous du fait de la pluie, une pluie fine et continue, la pluie des prunes de la fin du printemps, transformant la ruelle en éléments aquatiques, les voitures en anguilles ondulantes, glaçant les objets telles des peaux de serpents gelés.
L'exactitude du trait teinte ce décor indistinct d'une poésie douce-amère et drape d'un onirisme sombre la scène centrale de cette nouvelle : la cérémonie du thé. de celle-ci provient la lumière.

Dans ce décor, le vieux Guo est déposé par un chauffeur devant un temple. Dans un grincement de porte que nous avons l'impression d'entendre tant l'humidité semble étouffer tous les autres bruits, il est accueilli par une personne âgée puis monte d'un pas déterminé à l'étage pour y retrouver une vieille femme. Sans que rien ne soit dit on devine…on devine ce qui les lie, du moins ce qui les a liés. Nous comprenons en peu de mots qu'ils ne se sont pas vus depuis longtemps, très exactement à son étonnement quant à la taille de la femme qui, malgré le temps, est resté très fine, telle une taille de guêpe.

S'en suit la cérémonie du thé. Il m'a semblé que ce temple était un rêve, une sorte de tombeau scellé par de solides portes en sapin. le monde de l'au-delà dans lequel Guo a osé pénétrer. Seules des personnes âgées y sont présentes, asexuées, dont on ne perçoit que les regards, tous tournés vers ce visiteur bruyant qui monte d'un pas lourd vers ce fantôme du passé.
La cérémonie du thé est décrite avec délicatesse et est, pour moi, une métaphore de la vieillesse. La lumière est ici compréhension. En trois tasses de thé, nous apprenons et comprenons les trois temps d'une valse immuable : le premier temps du constat des stigmates du temps qui passe, rides et cheveux blancs, les questionnements qu'il engendre et l'acceptation de ces changements, le deuxième temps, le meilleur, la plénitude retrouvée et la prise de conscience du bonheur de pouvoir encore savourer de tels moments de partage, le troisième temps enfin celui de la mort qui rôde lorsque tout se consume et que les couleurs perdent de leur éclat.

Une valse à trois temps, douce et entrainante, comme la vie qui passe…
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