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Critique de Presence


Ce tome regroupe les épisodes 1 à 6 de la série parue en 2010, écrite par Victor Gischler et dessinée par Rob Liefeld (pour les épisodes 1 à 5) et par Marat Mychaels (pour l'épisode 6).

Le Deadpool Corps a été constitué à l'initiative du Contemplator, l'un des grands anciens de l'univers (Elders of the Universe). Ces derniers comprennent dans leur rang Champion, Grandmaster, Gardener, Collector, Astronomer, Trader, Possessor, Runner, etc. Chacun de ces êtres est le dernier survivant d'une race à jamais disparue. le Contemplator explique patiemment aux Deadpool qu'une entité très puissante appelée The Awareness phagocyte les habitants d'une planète, après l'autre et qu'il est de leur devoir de mettre fin à cette menace, en échange d'un paiement de leur choix. Ils se lancent donc à la recherche de cette Awareness. Mais le Champion (l'un des Elders) a décidé de les suivre pour vérifier qu'ils sont bien à la hauteur de la tâche qui leur a été confiée. Il faut donc qu'il commence par se débarrasser de cet être cosmique surpuissant. Puis il leur faut encore trouver The Awareness, l'approcher et la tuer. le Deadpool Corps se compose du Deadpool originel (Terre 616), de Headpool (Terre 2149), de Kid-pool (Terre 10330, à ne pas confondre avec Deadpool Kid de la Terre 1108), de Lady Deadpool (Terre 3010) et de Dogpool (Terre 103173).

VOUS ÊTES ICI. - le zombie de Deadpool est apparu pour la première fois dans Marvel Zombies. Dans Marvel Zombies 5, le sort a voulu qu'il rejoigne notre réalité. Dans Mercenaire provocateur, il a été mis sur la route du Deadpool originel (celui de la terre 616). Enfin, le lecteur a pu faire connaissance des autres membres de l'équipe dans le club des cinq.

En 2009 & 2010, Marvel a décidé de matraquer le personnage de Deadpool auprès des lecteurs en multipliant les séries continues ("Deadpool", "Deadpool corps" et "Deadpool team-up") et les miniséries. Et dans ce tome, l'éditeur a choisi de créer une équipe composée de plusieurs incarnations différentes du même personnage. Vous l'aurez compris, il s'agit d'une série à haute teneur parodique, impossible à prendre au premier degré.

Victor Gischler organise donc une poursuite à la recherche d'un grand méchant très méchant, avec quelques rencontres inattendues en cours de route, beaucoup de chamailleries entre les Deadpool, des grosses bastons à main nue, des gros flingues et des membres séparés de leur propriétaire, à grand coup de katana.

Et pour illustrer ces aventures débridées, Marvel a été chercher le co-créateur de Deadpool : Rob Liefeld, un artiste avec une réputation de bâcleur, de mauvais payeur et d'ego surdimensionné. Il incarne à lui tout seul les pires dérives des années 1990 en matière de comics. Ici, Rob Liefeld fait du Liefeld : postures systématiquement agressives, dents serrées et mâchoires contractées, anatomie féminine dégradante (gros seins, taille de guêpe impossible, longues jambes interminables, mollet filiformes, etc.), absence quasi-systématique de décors, etc. En fait, il ne manque que les pieds exagérément pointus pour se croire revenu en 1990. Mais le style de Liefeld est en lui-même autoparodique, tellement il se compose d'une enfilade de clichés ridicules.

C'est-à-dire que, par un paradoxe plein d'ironie, c'est justement la nature outrée et déconnectée de tout sens du style de Liefeld qui le rend parfaitement adapté à cette histoire loufoque. Les exagérations dépourvues de sens et débordant de mauvais goût imagent à la perfection la folie psychotique des Deadpool. Chaque Deadpool se conduit comme un adolescent sans aucun sens de la retenue ou de la mesure, chaque illustration les montre tous les muscles bandés dans une tension permanente. Ils voient le monde comme un chaos en perpétuelle agitation, et tous les personnages sont représentés de cette manière. Cette vision absurde et décalée de la réalité fonctionne d'autant mieux que Liefeld est premier degré du début à la fin. Il représente avec le même sérieux Deadpool (terre 616) que Dogpool ou Headpool avec son couvre-chef à hélice. Par comparaison, les illustrations de Marat Mychael font ressortir la logique interne de celles de Liefeld et leur énergie inépuisable. Mychael fait du sous Liefeld, légèrement moins jusqu'au-boutiste. du coup il ne reste plus que les exagérations ridicules, sans la vitalité surnaturelle. Moi non plus, je n'aurais jamais cru que je ferais un jour l'apologie des dessins de Liefeld.

Gischler s'amuse comme un petit fou à aligner les situations attendues de carnage et de dialogues nonsensiques, tout conservant la trame linéaire de la recherche du grand méchant. Et il n'oublie pas que les stratégies loufoques de Deadpool lui permettent de gagner à chaque fois la partie. En prime, il reprend, pour le Champion, le thème développé par Jim Starlin de la bêtise inhérente des gros costauds qui n'ont jamais développé leur intelligence à force de tout régler avec leurs poings.
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