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Critique de sweetie


Comment s'aimer et parvenir à aimer autrui lorsqu'on n'a connu que violence, haine et mépris au sein du foyer familial. Ou qu'on s'est fait distiller au compte-gouttes, par une mère asservie, un amour passif, tenu caché de la tyrannie exercée par le père.
Rebecca Lighieri, pseudo de l'écrivaine Emmanuelle Bayamack-Tam, en rend compte dans ce roman d'une dureté implacable dont l'histoire se déroule dans une cité de Marseille que jouxte non loin un camp de gitans. Karel, Hendricka et Mohand, élevés par des parents dysfonctionnels, héroïnomanes de surcroît, se promettent entre eux mille et une choses afin d'entrevoir un avenir meilleur. Dans l'adversité d'une enfance bafouée, la fratrie se soude autour des exactions subies et de ces rêves de vengeance à assouvir. Tout est envisagé, même les pires actions.
La narration, confiée à l'aîné Karel, emprunte le langage de la rue, conférant ainsi au récit une grande part de véracité. C'est cru, abject et parfois insoutenable. Difficile d'aimer ces personnages malmenés exempts d'empathie, qui banalisent la cruauté et qui font subir aux autres leurs lacunes affectives. Des « (…) types mal barrés, qui vont mal tourner et surtout mal finir – autant dire des moins que rien. Tant qu'on se crèvera entre nous sur des tas d'ordures, tant qu'on se crackera bien la gueule avec nos petits cailloux, la société passera ça par pertes et profits. Et si les pertes sont négligeables, les profits sont loin de l'être : la sélection s'opère, naturellement, sans intervention extérieure, sans déploiement des forces de l'ordre – pas besoin de ligne budgétaire, y'a qu'à nous laisser faire, bingo. »
Entre-temps, le hasard des lectures m'a fait commencer le roman de James Hannahan, Delicious foods, dans lequel se dessine une certaine parenté Il est des hommes qui se perdront toujours.
« On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille
On choisit pas non plus les trottoirs de Manille
De Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher
Être né quelque part
Être né quelque part, pour celui qui est né
C'est toujours un hasard »
(Né quelque part, Maxime le Forestier)
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