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4,17

sur 982 notes
Qui a tué Karl, ce monstre qui terrorise ses enfants et sa femme?


D'emblée, dès les premiers lignes, on est dans le sujet : ce que vivent Loubna et ses enfants est insoutenable. Karel et Hendricka en bavent tous les jours, mais ce n'est rien à côté du martyr du petit dernier, rejeté avant même sa naissance et qui a eu le malheur de naître avec de multiples malformations. Celui que son père nomme le gogol ou le triso, Mohand, et les deux autres enfants se construiront une nouvelle famille , à deux pas de la cité marseillaise où ils survivent , au coeur d'un camp de gitans. C'est là qu'ils tisseront des liens d'amour et d'amitié , alors qu'il leur faudra des années pour comprendre l'histoire familiale complexe dont ils sont issus.


Survient un drame . Et là j'ai cru être plongée dans un roman de Zola avec sa théorie de la dégénérescence et de l'hérédité de la violence. Un accident? une pulsion alcoolisée? Peu importe, Karel vit avec cette angoisse, d'être découvert , mais aussi de porter en lui un peu de la perversité paternelle .

Les personnages sont complexes. Si Karel et Handricka s'en sortent grâce à leur beauté (leur père ne parviendra cependant pas à tirer profit des castings auxquels il les présente inlassablement), Mohand tire son épingle du jeu en partie du fait de sa laideur, sa disgrâce physique et sa fragilité contribuant à une forme de séduction. Et puis il a un autre atout dans son sac, ce garçon…



C'est quasiment en apnée que se dévore ce roman dont les excès contribuent à l'addiction qu'il suscite. et l'on en sort comme estomaqué, après une scène finale époustouflante. Même si tout est un peu « trop », trop violent, trop beaux, trop laid, c'est très efficace.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Chronique qui va faire tache dans cette frénésie de louanges. Mon âme sensible en a pris un coup. Voici mon ressenti à vif et toujours honnête.

Deux frères et une soeur en proie au désamour parental dans une cité marseillaise où règnent violence, injustice et misère.

Il est des hommes qui se perdront toujours raconte l'histoire d'enfants et futurs adultes perdus à s'être escrimés en vain à vouloir être aimés d'un père qui ne voulait pas d'eux.

Encore un livre qui parle de maltraitance, de colère, de conséquences à une enfance saccagée. J'aurai pu adhérer à ce livre mais -et la liste est longue- je n'ai pas pu.

Car :
- Je n'aime pas le langage ordurier, vulgaire. Dans ce roman, vous ne rencontrerez pas de jolies muses mais des putes. Ainsi sont nommées toutes les filles. Connards, enculés, bougnoules et j'en passe...
- Des passages à la pelle de scènes porno où le vocabulaire bad gamme s'en donne à coeur joie, je vous passe les détails.
- Des jeunes caricaturés dans leur cité où suinte la misère, où résonne le rap américain, où ça parle comme ça pisse, ni plus ni moins. Pauvres mômes, j'aspire à croire que la misère ne rime pas toujours avec ces clichés de rue.

En conclusion, ce roman ne m'a pas du tout séduite. Et encore moins fait rêver. J'aimerais penser qu'il existe encore des écrivains attirés par la lumière plutôt que par cette ombre dantesque. Des livres sur l'enfance massacrée, j'en ai lus quelques uns (La golfe blanche, le château de verre, Ecchymoses,...). La non plus il n'y a nulle ou peu de lumière. Mais il n'y a pas non plus de surenchère dans les clichés ni de langage sali par de trop nombreuses références ici au sexe sale et mauvais. Si j'ai lu le roman jusqu'au bout, il sera très vite relégué aux oubliettes.
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Pour un roman noir , c'est un roman noir . Une célèbre chanson déclame " qu'on ne choisit pas sa famille , qu'on ne choisit pas ses parents , qu'on ne choisit pas non plus les trottoirs de Manille " ...On en aura un " bel exemple " avec Karel , sa soeur Hendricka et le " petit dernier " , Mohand , "trois enfants à avoir été décapités dès l'enfance , trois à qui on avait refusé tout épanouissement et toute floraison , trois à n'être rien ni personne ..." ( p 14 )
L'enfer . Pas à Manille , non , à Marseille , un enfer dans le quartier de la cité Artaud près d'un camp de gitans .....
Comment Karel pourra- t - il échapper à la glu poisseuse qui l ' enserre dans ses pièges tentaculaires ? En changeant de nom ? En s'appelant Gabriel , par exemple ? " Cesser d'être Karel pour devenir le mec bien que j'aurais dû être ? " ( p215 ). Louable ...Possible ?
Dans ce roman , trois enfants vont tenter d'échapper à ce drame inéluctable : " La seule chose qui dure toujours , c'est l'enfance quand elle s'est mal passée ". Propos bien pessimiste pour un avenir compromis dès le début ? Karel , bien sûr, mais et la superbe Hendricka ? Et Mohand , méprisé , moqué , humilié sans cesse par son " père " ?
Mettre nos pas dans les leurs va être un parcours éprouvant, presqu'insupportable , un calvaire , un chemin de croix . Rien ne nous sera épargné et on ne peut guère espérer " souffler " dans ce monde impitoyable ..Pourtant , on ne peut plus " lâcher " cet engrenage infernal " dès lors que la " machine " , la " broyeuse " est en marche . Ames sensibles ...
Le style de l'auteur se met au diapason . C'est lourd , âpre , haché, peu conventionnel , au vocabulaire sans fioriture .Pas de la littérature ? Exagérément cru ? Peut - être pour certains et certaines qui pourraient " bouder " ce roman et que je pourrais comprendre . Pour ma part , j'ai beaucoup aimé , non pas par voyeurisme , non , j'espère bien que non mais parce que la complexité des personnages , et d'un en particulier , m'a laissé espérer, redouter , constater ...Ce roman a suscité en moi de profondes réflexions, de nombreuses émotions. L'enfance ... l'adolescence ...la vie d'un homme ...Ça ne devrait pas être ça " la vraie vie " .
Ah , au fait , le père, il a été assassiné. Par qui ? Et , oh , je ne suis pas " flic " , moi , juste lecteur et croyez - moi , dans ce livre impitoyable , ce n'est déjà pas si mal ... Je vous en dis trop ? Ben voyez donc ! C'est marqué sur la quatrième de couverture , alors moi , hein ... Bonne lecture et j'espère que vous aimerez autant que moi ...
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Attention pépite !..roman noir certes mais quelle fluidité l'écriture,le style !!magnifique ! .. pas de quoi s'offusquer quand à l'utilisation d'un langage cru..! La réalité dépasse souvent la fiction! Et on n'est pas dans les moulures et les dorures du 16ème parisien..!

Année 80 -90
On écoute Iam et NTM
"Chaine en or qui brille"..
On zone dans Marseille
dans les quartiers mal famés
Entre dealers, gitans, truands
Et diverses communautés
où la violence, la haine
et paradis artificiels veillent,
Rôdent et faciles à trouver
Cette histoire de fratrie soudée
Deux frères et une soeur
Abîmés, bousculés par
Deux parents
retors et malveillants
Essayent de s' échapper
De la misère,de la pauvreté.
Il arrivent à esquiver..
En empruntant d'autres chemins
A tout prix : s'en sortir
En restant VIVANTS!

Bouleversée par cette histoire, lue en une nuit...de l'empathie pour ces enfants résolus à sortir de ce déterminisme absolu, de ce ring de boxe, ..une ode à l'espoir au travers de tant de cruauté !.ode à la vie au travers d'une rage ....soif de vivre mais à quel prix!
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"Dès le début du récit, on plonge dans l'enfance meurtrie. Enfants que l'on n'a pas laissés s'épanouir, comme ces « trois fleurs décapitées dans un vase » dont parle l'auteure. Rebecca Lighieri, pseudonyme de Bayamak-Tam, déclare écrire des romans noirs sous ce pseudo. Pourtant son histoire s'écarte de ce qu'il est coutume d'appeler un roman noir. Certes, le roman débute par l'assassinat de Karl, père de la famille Claès, dans « une sorte de règlements de compte. Un assassinat violent, sauvage qui traduit une haine féroce de l'assassin ». Mais l'on devine vite l'identité du meurtrier, ce n'est pas vraiment le sujet du livre. Rebecca Lighieri ne peut pas s'empêcher de faire du Bayamak-Tam. Les romans de l'une et de l'autre se rejoignent par bien des points.
La famille Claès vit dans une cité des Quartiers Nord de Marseille : la cité Arthaud, où Karl fait régner la terreur parmi ses gosses. le responsable de leur enfance bafouée et massacrée, c'est lui. « Les problèmes se règlent par des baffes, les humiliations, une violence de tous les jours ». Dans cette famille, le grand frère Karel, avec sa gueule d'ange, est le narrateur du récit. Sa soeur Hendricka, qui deviendra une beauté hors du commun, cherche à se frayer un chemin dans cette existence délétère. Et le dernier, Mohand, « le dégénéré, le gogol, le triso », ainsi que l'appelle son père, ne connaît que la peur, la brutalité physique et morale. C'est lui qui endure le plus gros de la violence du père. Pour ces trois-là, le sentiment le plus familier est la terreur. Mohand cumule dès sa naissance des symptômes maladifs : malformation cardiaque, perte auditive, fente palatale, perforation de l'anus. Enfant de la douleur, surprotégé par sa mère, Loubna, qui ne partage que parcimonieusement sa culture kabyle. Cette mère impuissante à contrer la violence du père, excepté avec Mohand pour lequel elle s'interpose, avec la volonté de réparer ses blessures. « Il n'y a que Mohand qui puisse la rendre heureuse avec son malheur. »
La cité Arthaud, avec son lot de camés, de voyous, de délinquants. Un lieu de relégation, de marginalisation. Un monde fait de débrouilles et de combines, auquel Karel tente d'échapper. Comment faire pour oublier la cité, « avec sa décharge sauvage, ses ascenseurs déglingués, ses coursives taguées et ses caves pourries » ?
Le regard de Rebecca Lighieri sur cette enclave abandonnée à son sort n'est pas un regard misérabiliste, mais celui d'une professeure habituée à travailler avec des exclus laissés sur le bord de la route. Karel vomit la pauvreté dans laquelle il grandit et n'est pas sûr de pouvoir en sortir. Une chanson de NTM alimente sa rage, « Nous n'avons rien à perdre car nous n'avons jamais rien eu ». Changer quelque chose au déterminisme social est-il possible ? Karel, le seul de sa famille à poursuivre ses études, s'accroche pour être aide-soignant, avec l'espoir de devenir peut-être un jour infirmier. le père, « qui n'en finit pas de mordre la poussière, de s'abîmer dans l'alcool et la drogue », traîne ses enfants de casting en casting. Rêve de sortir de la pauvreté, de toucher le jack-pot. Il est vrai qu'Hendricka et Karel sont beaux comme des dieux. On se retourne sur eux avec admiration. Seul Mohand attire des regards affligés.
Rebecca Lighieri nous raconte la trajectoire chaotique des enfants, de l'âge ingrat jusqu'au devenir de jeune adulte. Que vont-ils faire des traumatismes laissés par la cruauté du père, le silence de la mère « l'injustice insupportable d'être nés pauvres et d'en baver tous les jours » ?
Karel, qui ne veut pas végéter dans la cité, s'aventure un jour dans un camp de gitans, monde de parias auxquels il peut s'identifier, où vit Rudy, son copain d'école. Il trouvera au contact de cette grande famille l'entraide, la générosité et son premier grand amour, Sheyenne. Il va apprendre à l'aimer. Pour le malheur de celle-ci comme pour le sien. le thème de la sexualité si cher à Bayamak-Tam est décrit ici dans sa complexité, ses contradictions, comme produit d'une histoire personnelle emplie de zones d'ombres. le camp appelé Passage 50 deviendra un endroit mythique où expérimenter des moments de bonheur, « le camp sauvera son enfance du désastre absolu ».
Puis Karel, devenu adolescent, déambule la nuit dans les rues de Marseille. Nous découvrons avec lui d'autres quartiers, d'autres milieux, Pour se sortir à tout prix de la misère, de la cité, du Passage 50, Karel veut assouvir ses désirs de fric, de luxe, de vie facile. Il fréquente des filles de riche à l'avenir tout tracé, sans toutefois perdre sa conscience de classe. Pour autant, il n'est pas sans contradiction, sans tâche, sans violence ou blessures infligées aux autres. Il est parfois rattrapé par la résignation, les paroles de IAM comme un avenir qui tourne court. « Pourquoi chez moi le rêve est évincé par une réalité glacée ? Ou de révolte c'est selon. Et lui a droit à des études poussées ? La vie est belle, le destin s'en écarte, personne ne joue avec les mêmes cartes. Tant pis on est pas nés sous la même étoile. » Des chansons des années 80 parsèment l'univers de la cité. Chansons d'amour d'une vraie culture populaire. (...)
Dans ce récit, où R. Lighieri s'applique à nous décrire les liens pervers familiaux, Loubna entretient avec Mohand un amour maternel criant de folie. Quand celui-ci cherche à prendre son indépendance, à devenir un enfant comme les autres, Loubna le souhaite « malade, souffrant, amoindri pour maintenir son emprise sur lui ». Karel en vient à désaimer sa mère tandis que Mohand reste fou d'amour pour elle. « Loubna qui n'a jamais su exister face à ce mari brutal qui ne lui a prodigué des soins que pour contenir sa folie », Loubna, aliénée à ce salaud de père qui devra expier la faute impardonnable « d'avoir fait de Mohand un étranger au sein de sa famille. Un étranger contraint d'aller chercher un peu de chaleur humaine » au Passage 50 « chez d'autres étrangers, les plus étrangers de tous, finalement, ceux à qui on a toujours bien fait sentir qu'il n'étaient pas chez eux ici et qu'ils ne le seraient jamais ».
La fin de l'histoire nous laisse sans voix, sans souffle. Finalement Bayamak-Tam ou R. Lighieri, on se laisse happer avec le même plaisir par cette écriture si sobre, si juste, pour raconter l'impact de la pauvreté dans une famille dysfonctionnelle et maltraitante."

Francine Klajnberg (Extrait) pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/les-..
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L'histoire d'une enfance pourrie dans une cité de Marseille. le père, Karl, belge, la mère Loubna, d'origine algérienne sont toxicomanes. Trois enfants sont nés de cette délicieuse union : Karel, Hendricka et Mohand. Entre deux raclées, le père traîne les deux aînés dans des castings. le dernier est né avec des malformations et quelques pathologies de derrière les fagots. C'est avec lui que le père est le plus violent, jusqu'à manquer de le tuer. Des insultes, des coups, violence gratuite d'un père maltraitant qui sème la terreur dans les yeux de ses gamins, mère défaillante qui ne dit rien et ne retrouve la sérénité que quand elle prépare sa dose. Les enfants grandissent et trouvent refuge dans un bidonville proche de la cité, occupé par des gitans sédentarisés. Ils y passent leurs journées, trouvant une famille, l'amitié et plus tard l'amour.

C'est Karel qui nous raconte cette enfance. Il pense qu'on vieillit vite quand la vie ne tient à rien. Il se pose beaucoup de questions sur son avenir et la culpabilité de ne pouvoir protéger son petit frère. Son rêve est d'apprendre un métier, d'avoir une vie stable, loin de l'appartement parental, de ne pas transmettre cette violence vécue.

Hendricka part la première, repérée dans un casting, commence une carrière d'actrice. Karel devient aide-soignant et emménage avec son premier amour. Mohand fait avec la réalité de sa vie, sa mère qu'il vénère, ses amis et sa famille de coeur.

Mais voilà, le père, magouilleur de son état, se fait tuer et il est retrouvé dans la décharge qui jouxte la cité. La mère tente de se suicider en se jetant par la fenêtre. Elle ne voulait pas faire face, elle est déchargée de la difficulté d'être et ira encombrer une institution quelconque.

Cela devrait être le plus beau jour dans la vie de ces jeunes adultes, leur bourreau est enfin mort. Mais l'enfance bafouée ne se transforme pas à la mort du bourreau. Ils vont devoir composer avec leurs failles, leurs forces, leurs pensées intrusives, leurs réflexions et peut-être aussi la violence incrustée depuis si longtemps dans leur peau. le père est mort mais il est toujours vivant en chacun d'eux.

Une histoire bouleversante.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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C'est le récit de vies brisées par une enfance abominable ou destinées à l'être. Du déterminisme social (ou pas ?). De 3 enfants qui vont grandir au sein d'une famille toxique (un père violent, une mère passive et mélancolique) dans une cité HLM de Marseille et qui vont trouver dans le camp gitan sédentarisé d'à côté une nouvelle fratrie.
Mais l'amour, l'attention ne rattrapent jamais vraiment une enfance fracassée...C'est ce que rappelle cruellement ce roman totalement désenchanté . Le texte est dur, les paroles blessantes, mais le récit n'est jamais glauque. C'est parfois presque trop (trop de malheur, trop de désespoir et de désillusion) mais l'autrice a un vrai talent pour raconter la vie dans ses aspects les plus sordides (la misère sociale, le racisme de tous les jours, la violence quotidienne) et nous enchaîner à ses personnages. Si bien qu'une fois la première page tournée, on n'attend qu'une seule chose : voir comment Karel, Hendricka et Mohand vont réussir à se sortir de ce bourbier . Passionnant.
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«  Il y a des âmes incurables et perdues pour le reste de la société .Supprimez - leur un moyen de folie, elles en inventeront dix mille autres » .
« L'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans.Pour la haine , comptez plutôt vingt ».
«  La seule chose qui dure toujours , c'est l'enfance quand elle s'est mal passée : on y reste coincé à vie » .
Deux extraits de ce roman social, noir, dur et sombre qui crie, transpire , frappe, cloue le lecteur sur sa chaise, le maltraite , l'émeut , le touche au plus profond, le sidère, lui fait mal.

J'avais lu déjà de l'auteure : Les garçons de l'été en 2017, un roman explosif, diabolique, cru.
Au début : drame , Karel , le narrateur s'interroge dès la première page :
«  Mais qui a tué mon père ? »
Karel est un garçon qui vit dans les quartiers nord de Marseille entre la cité Antonin Artaud et le passage 50, habité par des gitans sédentarisés , avec sa soeur Hendricka et son petit frère Mohand , infime .

Ils tentent de survivre entre une mère Loubna, gentille mais triste , passive et mélancolique , un père , Karl , aussi sombre que cruel , rongé par ses démons ,il fume de l'herbe, bazarde sa vie à coups de cuites, clopes, shoots , injections, vit d'arnaques ,et de trafics minables : coups distribués aux trois minots terrorisés , brimades, fureur, insultes , menaces de mort, gifles, coups de ceinture, injures éraillées, crachats , crises de colère et j'en passe , folie pure, haine, barbarie, une enfance dévastée , comme une nuit qui n'en finira jamais....
Roman social qui fait penser aux romans de Silvia Avallone ou Nicolas Matthieu , enfance dévastée, maltraitance , injustice, sida, drogue , violence d'une cité de Marseille entre les années 80 et 2000, pauvreté et indifférence des institutions .

Les enfants grandissent dans la peur et l'enfer que leur fait vivre Karl, Hendricka et Karel , très beaux physiquement font l'admiration de tous , de type Kabyle : ils font des castings , auditions de toutes sortes, publicités , entraînés par leur père, tandis que Mohand déficient a droit à l'acrimonie perpétuelle et aux insultes , à l'humeur chagrine et haineuse ..
Nous côtoyons Celine Dion, Mickaël Jackson, en passant par IAM , Cheb Hasni, Richard-COCCIANTE, ou Elton John, .plus on est éloigné de l'amour, plus on écoute des chansons qui le célèbrent ...
Ce récit de vies brisées, abîmées, ces drames, mensonges ,terreurs constantes , violences , blessures reçues et infligées , remords et regrets , ces traumatismes à vie ne seront pas sans conséquence ....
Un livre sombre, sordide parfois, très bien écrit et construit , le lecteur ne le lâche pas.
Un enfer nous saute à la figure , l'on n'est pas prêt de l'oublier!
On en ressort pas indemne ...
J'avais été prévenue par mon libraire mais,....
,..
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Qui peut encore croire que la misère est moins pénible au soleil ?
Avec ce roman, on oublie l'idée, si elle nous a effleuré un jour.

Nous sommes à Marseille, dans les années 80-90.
La famille Claeys vit dans une cité défavorisée. Mais peut-on parler de famille, d'ailleurs ?
Karel et Hendricka, les deux aînés, sont superbes avec leurs yeux bleu marine, leurs grands cils, leur teint de pêche et leurs jolies boucles - mélange parfait d'ancêtres belges et kabyles. Mohand, le petit dernier, souffre de plusieurs malformations. Et ça, son connard de père ne le lui pardonne pas. Il brutalise déjà les deux premiers, dont il entend pourtant tirer des revenus en les présentant à des castings ; sur Mohand, il s'acharne verbalement et physiquement. Sa cruauté est sans limites, monstrueuse.
Et la mère dans tout cela ? Difficile à dire. J'ai décidé de penser que son bonhomme et leur mode de vie l'ont bousillée, lui faisant perdre tout bon sens.

C'est dans un camp de gitans, de Roms et de manouches sédentarisés que les trois enfants Claeys vont trouver un semblant de famille - du moins des frères et soeurs avec qui ils vont vivre autrement, dès qu'ils pourront fuir de chez eux.


Roman social noir sur des enfants/adolescents mal partis, qui rappelle ceux de Silvia Avallone, certains de Marion Brunet, Nicolas Mathieu, ainsi que 'La Vraie Vie' d'Adeline Dieudonné. Un roman qui crie la douleur, la frustration et la rage, notamment celles de Karel, qui semble destiné à pourrir/brûler ce qu'il touche, à l'instar de son géniteur.

Lecture captivante & déchirante de ce texte parfaitement écrit, présentant des personnages complexes, et accompagné d'une play-list* qui illustre à merveille la vie et les états d'âme de Karel.
Dommage que l'intrigue se resserre autour du 'zboub' (sic) du jeune homme, qui devient une obsession pour lui, un pitoyable moyen d'approcher la 'fortune' (chance & aisance des biens-nés).

A lire, notamment pour le formidable petit frère. ♥

____

* Philippe Lavil, papa idéal pour Mohand - Julio Iglesias dont les mots d'amour font rêver les femmes - M. Jackson, Marvin Gaye (2 fils 'tués' par leur père) - IAM les Marseillais, NTM du 9-3 et leur rage - etc.

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=OlmKCj03fHw
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J'ai adoré.
Lu en deux jours. Sans pouvoir m'arrêter.
Quel livre !
Où il est question de la cité, de Marseille, de gitans, de maltraitances, de handicaps, de remords, de culpabilité, de l'horreur de certaines enfances, d'amour, de toxicomanie, de vengeance, de gens cabossés à vie...
Je m'adresse à vous, lecteurs, ça vous est sûrement arrivé de lire un livre à reculons, de faire voler les pages avec un certain soulagement, ouf, c'est bientôt fini, plus que tant de pages.
Ici, c'est totalement l'inverse. Les pages ont glissé toutes seules, sans un bruit, sans un souffle, sans peine, sans un effort. Juste la tristesse à la fin, de l'avoir déjà terminé.
Je le mets sans hésiter dans mon top 10 de mes meilleurs livres lus.
Je ne pensais pas, en l'entamant, que sa drogue douce et dure, comme celles que l'on rencontre dans ce si beau livre, m'atteindrait à ce point.
Comme quoi, on peut écrire un livre sublime, tant au niveau de l'écriture que de l'histoire, sans donner trop de détails, de violences, de malsain. J'en profite d'ailleurs (lâchement) pour dénoncer une fois de plus les livres qui se complaisent dans cette violence, ce malsain, mais avec trop de détails inutiles et le coeur au bord des lèvres. Oui, je pense par exemple à Mr Bouysse, avec entre autres, Né d'aucune femme, illisible et abject. Et oui, on peut écrire l'horreur d'une enfance sans trop de détails dont on se complait, c'est bien cela le talent des grands auteurs.
Mais revenons au livre.
Il ne peut pas être raconté, il FAUT le lire.
On suit le destin de trois enfants, avec un père fou et une mère folle de ce père si abject, si tortionnaire, si toxique, si moche, oui si moche, une ordure.
Bien sûr, les trois enfants de la cité vont grandir de guingois, chacun leur dérapage, leur lâcheté, leur courage ou leur réussite.
Ce livre est violent, rude, épais, mais jamais illisible, jamais "dégoutant", jamais médiocre. Il est beau.
Alors, ceux qui font une dépression ou qui ont un petit coup de blues ( ou un grand ), attendez un peu pour le lire.
J'ai pleuré Karled, Hendricka, Mohand l'enfant martyr, mais aussi la vie, l'enfance pourrie jusqu'à la moelle, l'amour fou d'une mère pour son fils, et sur Gabrielle, cet ange sacrifié. C'est comme une farandole folle, avec son lot de bonheurs aussi, ses fulgurances, ses plaisirs, son danger.
Alors oui, lisez ce livre incroyable, magnifiquement écrit, magnifiquement imaginé (ou pas).
C'est vrai. Il y a des hommes qui se perdront toujours.
Je les ai bien connus ces hommes-là.

Sublime, tout simplement.
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