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Critique de Anatole_1


Une de mes rares lectures en anglais (puisque cet essai n'existe pas en traduction), The Conspiracy Against the Human Race propose la thèse suivante : se pourrait-il que l'existence ne soit pas préférable à la non-existence (en raison de toute la souffrance qui caractérise l'existence humaine du début jusqu'à la fin) et que notre conscience nous persuade de l'inverse (ce en quoi consisterait cette conspiration) ? Malgré notre conditionnement à croire que l'existence est bien (après tout, ce n'est pas comme si nous pourrions faire l'expérience de son alternative et en garder souvenir…), ce conditionnement n'est pas infaillible : il arrive que l'individu perçoive certaines « lueurs » (glimspe), derrière toute cette façade de belles apparences, indiquant qu'il s'y cache cette vérité dérangeante (uncanny, dans un sens similaire au sentiment que produisent sur nous certains robots japonais trop humains*), un quelque chose de pernicieux qui rend notre monde cauchemardesque (something pernicious that makes a nightmare of our world).

Basant son propos notamment sur l'oeuvre du norvégien Peter Wessel Zapffe et son court essai The Last Messiah** (également non traduit), Thomas Ligotti explore cette idée avec des arguments qui sont malheureusement assez convaincants. L'auteur aborde plusieurs sujets variés et présentés quelquefois un peu de façon éclectique : les thèses transhumanistes, le cas de trois personnes à avoir enfin réussi à atteindre l'éveil (au sens bouddhique), mais par accident (et avec des résultats contraires à ce que nous pourrions nous attendre a priori), Lovecraft et les quelques autres écrivains à avoir exploré cette horreur nihilisante à travers leurs écrits… C'est une lecture qui confronte le lecteur et à laquelle nous pouvons ou pas être en accord, bien que Ligotti reconnait que les prophètes de malheur, clamant haut et fort la nullité de l'existence, sont rarement estimés et encore moins lus. Contrairement à d'autres écrits pessimistes où, à la fin, nous retrouvons quand même un soupçon d'optimisme (par exemple, le Mythe de Sisyphe d'Albert Camus), il n'en est rien de ce livre.

*C.f. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vall%C3%A9e_de_l%27%C3%A9trange
** https://openairphilosophy.org/wp-content/uploads/2019/06/OAP_Zapffe_Last_Messiah.pdf
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