La Bigorre a produit de tous temps une espèce d'hommes robustes, extravertis et doués d'un haut niveau de combativité. Les mousquetaires du Roi, les hussards de l'Empereur et les équipes de rugby de la République ont fait grand cas de leur humeur batailleuse.
Mme Marie-Madeleine Cazes était de pure race bigourdane. Elle avait le verbe haut, la poigne solide, les attaches fortes et une fine moustache sur la lèvre supérieure.
La gégène, c'est français. Comme les bombardements de villes ouvertes sont anglais et les camps d'extermination, allemands. A chaque armée ses gloires.
Si les martyrs avaient cette gueule à baffes, je trouverai des excuses à Néron.
Une querelle inapaisée divise le Sud-Ouest depuis des siècles. Celle du cassoulet. Porc et mouton à Toulouse, porc et confit d'oie à Carcassonne, porc seul à Castelnaudary, sans parler des diverses espèces de haricots blancs et des assaisonnements, certains de ces derniers étant des secrets de famille inviolables. On se les transmet sur le lit de mort. Comme dans toutes les guerres où tout le monde a raison, celle-ci est inexpiable.
Nadine Terrade n'avait jamais cherché à abriter ce conflit. Elle avait sa recette, dérivée de celle de Saint-Gaudens. Confit de canard et d'oie et queue de cochon avec saucisse sèche pour le trait d'union. Douze heures à gratiner en brisant sept fois le gratin. Sept. Cela donnait, d'après elle, un plat plus léger et plus sain.
On lui a expliqué qu'on vise mieux en fermant un œil. Alors, elle ferme les deux pour doubler les chances.