Ai-je le droit de disposer ainsi de la vie des autres ? Mon droit se bornerait alors à disposer de cette vie à condition qu'elle fût offerte aux boulets de canon ? Sottise.
La politique réaliste commence quand on ne tremble plus devant la petite morale des hommes.
La guerre est un malheur : il n'y a plus de science du malheur.
Une mouche morte suffit à empoisonner l'huile du parfumeur : un grain d'orgueil annihile le génie et la sagesse.
Le monde doit se défendre d'un fléau plus général : ses hommes politiques. C'est leur médiocrité et leur manque d'imagination qui ordonnent ces carnages au nom de l'ordre, de l'Histoire et de l'honneur. L'honneur est toujours perdu.
La gloire militaire est écrite sur du vent, le vent qui sort des canons.
Les femmes étaient beaucoup plus propres que les hommes à m'apprendre certaines choses. J'étais si grave, si décidé, que les hommes n'osaient pas me dire bien des choses que les femmes disent.
Quand la jeunesse de Betzy pénètre dans ces murs, tout change. Elle n'est peut-être pas très jolie, mais elle est si fraîche, si jeune, si détachée de ce que sera la vie... C'est l'âge vrai où l'on peut faire des choses sans raison aucune, pour rien, pour le plaisir.
[...]
Gourgaud et Montholon sont d'accord sur Betzy : à leurs yeux, elle est folle. Curieux monde, pour qui la fraîcheur et le sourire sont des opprobres à cacher.
J'étudie l'anglais, ce qui m'autorise à mieux écorcher les noms des officiers qui m'accompagnent.
Le pouvoir des mots perd toute magie si on ne le souligne pas par l'action.
Le ciel est d'une irréprochable beauté. Mais sans la mer, on périrait d'ennui.