AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Isacom


"Une voisine aux caries remplies d'or, divorcée d'un arpenteur qui mesurait en empans rivières et collines, à genoux, en se trompant dans ses calculs à cause de la tranquillité minérale des crocodiles, avait raconté avec force détails qu'il y aurait des vengeances, des fusillades, des coups de feu, des avis de recherche."
Et oui, tout ce qui est annoncé est dans ce roman, et encore bien plus que ça.
De même que dans les "Lusiades" de Camoens il y a toute l'histoire, victorieuse, des Grandes découvertes, dans "Le retour des caravelles" il y a toute l'histoire, piteuse cette fois-ci, de la décolonisation.
Aux 15ème-16ème siècles, les caravelles sont parties, emportant du Portugal vers l'Afrique d'hardis navigateurs, de téméraires explorateurs, d'ambitieux découvreurs.
Mais après quatre siècles de colonisation et de pillage (et quinze années d'atroces guerres coloniales), sonne l'heure de l'indépendance des anciennes colonies. Et "Le retour des caravelles", ce sont les paquebots et les avions qui ramènent à Lisbonne, hébétés, les ex-colons portugais.
Antunes reconstitue ces destins misérables en leur donnant, avec une ironie cruelle, les noms célèbres de Cabral ou de Vasco de Gama.
Les voici, errant dans Lisbonne, sur les quais, dans les hôtels borgnes, devenus mendiants ou proxénètes.
La traductrice et préfacière nous donne (et heureusement) les références historiques et culturelles nécessaires à qui n'est pas familier de l'Histoire du Portugal. Ici la date-clé est 1975, date de l'indépendance des dernières colonies portugaises : Angola, Guinée-Bissau et Mozambique.
J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture foisonnante d'Antunes, toutefois moins foisonnante, moins fiévreuse, moins hypnotique ici que dans d'autres de ses romans.
Traduction fluide de Michelle Giudicelli et Olinda Kleiman.
LC thématique avril 2023 : "Un roman historique"
Commenter  J’apprécie          2425



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}