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Critique de Levant


Je m'affiche volontiers comme quelqu'un ayant éteint la télévision, au profit de la lecture bien entendu. Toutefois, pénétrer l'envers du décor d'une production de séries TV ne m'a nullement rebuté. Mais pas au point quand même de me réconcilier avec ce qu'est devenu le contenu de nos programmes dans les mains des producteurs contemporains.
Nous sommes dans l'univers d'un auteur à succès de séries TV, britannique. Cette situation donne à son héros la liberté qu'autorisent l'aisance financière et un emploi du temps affranchi des horaires imposés.
Je découvre David Lodge avec ce livre. J'ai suivi l'impulsion d'une personne assidue de Babelio, éprise de littérature anglaise. J'ai été appâté. Au point de me procurer, sans même attendre le dernier chapitre, un autre ouvrage de cet auteur. Pour transformer l'essai. Ce sera "Un tout petit monde".
C'est comme ça que je conçois Internet. Un formidable outil de diffusion de la connaissance et d'échange, pour aller ensuite faire fonctionner le petit commerce et continuer ainsi à voir des boutiques éclairées dans les rues de nos villes quand le jour décline.
Mais revenons à cet ouvrage de David Lodge: thérapie. Je n'ai a priori pas d'élan spontané vers un sujet qui traite de la dépression, de "psy". Ça me donne le bourdon et me fait penser justement que la télévision n'est pas étrangère à la morosité ambiante dans ses formes bénignes ou plus sévères. Dans le cas présent ma technique d'adoption d'un ouvrage tiré des rayons de mes librairies préférées ne m'a pas rebuté. Je commence par le recto, le titre et auteur si connu ou recommandé, le verso, quatrième de couverture, puis l'entame, un paragraphe, ou deux si on ne me tire pas par la manche pour aller m'ébahir devant une vitrine de chaussures ou de décoration d'intérieur, et puis un autre paragraphe au hasard, en ayant fait volé les pages comme l' illusionniste le fait d'un jeu de cartes. Thérapie a donc emporté mon suffrage. Je le confirme en le refermant.
Notre héros souffre d'un mal-être qu'il ne sait pas décoder lui-même. Il se fait donc aider par des gens dont c'est le métier, selon l'expression consacrée. Il penche plutôt pour les méthodes douces. Mais le résultat se fait attendre. Jusqu'à ce qu'un événement que le lecteur est à cent lieues d'imaginer le mette sur une autre voie. Un mal pour un bien dit-on souvent. Nous voici dans la seconde partie du roman. Elle est plus entraînante que la première qui démarre doucement, il faut bien le dire. Et l'intrigue prend une tournure qui intrigue justement. C'est joliment conçu. Des personnages qui n'ont rien d'attirant a priori deviennent attachants. Et comme de juste, il faudra bien aller faire un tour dans le passé pour dénicher les racines du mal. C'est plein d'inattendus. Parfois un peu trop précis dans les descriptions au point de créer des longueurs, mais c'est supportable. Il y a le piment du côté charnel, parfois très cru. J'ai été gêné par des détails de la vie intime un peu trop intimes, vraiment. On sent là la volonté d'ancrer le récit dans la vraie vie avec son côté le plus trivial.
J'ai apprécié la façon de donner la parole dans la narration à tous les protagonistes de l'affaire. L'idée de confronter le vécu d'un même événement par tous ses acteurs, les transformant tour à tour en narrateur-acteur, les faisant développer leur version des faits, leur point de vue, leur ressenti, comme les témoins à la barre d'un tribunal, est un artifice de construction très intéressant.
C'est un bain de culture anglaise, avec une écriture agréable, donc une traduction réussie. Le seul argument qui me laissera sceptique est à la page 169, édition Rivages poche. Il paraît en effet que les sitcoms ont un rôle thérapeutique. Là, j'ai bien peur que les effets secondaires indésirables du remède aggravent le mal.
Mais peut-être suis-je un peu rétrograde ?
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