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Critique de Ladybooksss


Jeanne Penkarn fête son quarante-neuvième anniversaire dans son appartement parisien avec pour seule compagnie sa chatte persane, la très gâtée Elinor. Sans enfant et sans mari, Jeanne a construit sa vie autour de sa passion : la littérature. Pour cette professeure en classe préparatoire, travail et rigueur sont les maîtres-mots. Pas étonnant donc qu'elle soit l'auteure à succès d'une série d'enquêtes policières, « Les enquêtes de Chiara Ferricelli ». Ecrits sous pseudonyme, ces récits occupent son temps libre. Pour son plus grand plaisir, car Jeanne n'est pas du genre à aimer perdre son temps.

Un jour d'octobre alors qu'elle est en classe, un portable vibre. Qui diable a eu l'audace de laisser son téléphone allumé ? L'auteur de ce crime de lèse-majesté n'est autre que l'enseignante elle-même ! le texto vient de son frère et lui apprend que leur vieille tante Euphrasie le Gall, presque centenaire, est décédée. Jeanne doit quitter Paris quelques jours et retourner dans sa Bretagne natale qu'elle avait si précipitamment quitté une vingtaine d'années plus tôt.

Jeanne est un personnage pour lequel je n'ai eu aucun attachement…au départ. Celle que je considérais comme une vieille fille, acariâtre, aigrie, allait en fait me surprendre de diverses manières. Par son histoire tout d'abord, tragique, douloureuse. Si Jeanne vit seule aujourd'hui, c'est parce qu'elle n'a jamais pu se remettre de la mort brutale de son fiancé, Yannick, la veille de leur mariage. Sa vie s'est également arrêtée ce jour-là, vingt-six ans auparavant. Face à tant de chagrin, une seule solution s'offrait à Jeanne : la fuite.

Trouvant refuge à Paris, noyant sa peine dans le travail sur les conseils de tante Ronchon, Jeanne s'est engluée dans cette routine qui l'a maintenue en vie. Ce retour en Bretagne et les retrouvailles avec la famille de Yannick vont la déstabiliser. La défunte Euphrasie, bridgeuse hors pair de son vivant, va également vouloir jouer tous ses atouts de l'au-delà pour aider sa nièce à retrouver un peu de bonheur.

J'ai lu ce roman très vite. Les chapitres sont courts, concis et mettent en exergue l'évolution de Jeanne. Si le sujet est sombre, j'ai trouvé ce récit lumineux et pudique. « Less si more » pourrait être l'adage de Jeanne. Toujours en retenue, enfermée dans un rôle qu'elle s'est donné pendant vingt-six ans, Jeanne prend conscience qu'il est temps de se laisser un peu aller, doucement mais sûrement. Ce récit narre cette renaissance. À l'approche de la cinquantaine, elle réapprend enfin à vivre, à aimer.

La discipline de Jeanne et sa rigueur sont contrastées avec le tempérament haut en couleur de ses parents et notamment de sa mère, Chantal, volubile coiffeuse à la retraite, ayant le verbe haut et cultivant son excentricité. J'ai aimé ce personnage plein de punch, très cash qui amène de la légèreté au récit.

Je conseille ?

J'ai ressenti toute l'adoration de l'auteure pour sa Bretagne natale grâce à cette atmosphère celtique qui parcourt le récit. Cette jolie histoire, poétique, un peu mystique traite du deuil et de la difficile reconstruction des (sur)vivants. Si Yannick est décédé, les vies de son entourage ont elles aussi été brisées. Si certains ont choisi de rester et d'essayer d'affronter la douleur, d'autres comme Jeanne ou Gabin, son frère, ont préféré fuir. Comment se reconstruire après un deuil? Que reste-t-il pour ceux qui restent? Avec élégance, l'auteure essaye de montrer que si la reconstruction est difficile et lente, le bonheur est toujours possible.
Lien : https://ladybookss.wordpress..
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