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Critique de ATOS


ATOS
13 septembre 2021
Bernard Fauconnier, auteur d'un biographie consacrée à Jack London, a attiré mon attention sur ce roman que je ne connaissais pas. Roman social, mais également politique. Une certaine idée de l'Amérique... La vision anglo-saxonne d'une reconquête. .
1916. dans les villes, les luttes sociales éclatent. Réduction des salaires, licenciements. Les syndicats deviennent impuissants. le peuple des sans noms souffrent. le dénuement s'installe, la misère grandit. L'injustice . Les répressions. Les arrestations, Les emprisonnements. Les condamnations. Les expulsions, La précarité. Pour maintenir les cours, on détruit, on jette les denrées alimentaires. La croissance dicte ses lois.
Le ressentiment grossit, enfle. La machine capitaliste bat sa mesure.
London choisit son camp : il fera de ses deux jeunes héros les héritiers «  purs jus » de la conquête de l'Ouest. Ils furent, ne sont plus, mais redeviendront. Un angle de vision...effroyable, car l'on sait en ce 21e siècle les monstruosités que ce genre de pensée peut engendrer.
En lisant ce roman, pourtant écrit en 1916, je voyais ce que nous appelons en ce 21e siècle « le peuple de Trump ». ces « Blancs » des classes populaires appauvries qui, percutés, laminés par une situation socio- économiques dantesques retournent leur ressentiment à l'encontre des autres, de ceux qu'ils jugent « illégitimes », de ceux qu'ils perçoivent comme « étrangers » , oubliant totalement qu'il sont eux mêmes descendants de sans noms venus d'Europe.
1916, pour les personnages de la vallée de la Lune les portugais, les chinois, et tous les nouveaux arrivants sont une menace.
London nous parle bien de l'esprit des pionniers de l'ouest mais à aucun moment il ne dénonce les génocide dont furent victimes les peuples premiers. Il ne parle pas nous plus du ségrégationnisme qui régnait alors dans la société américaine. Il ne sera pas le seul. Soit. Mais comment peut-on aimer ces grands espaces américains sans saluer et défendre les premières civilisations qui y vécurent ? Comment à la fois appeler à la lutte des classes et revendiquer un suprémacisme blanc ?
Car London déclarait : « Je suis blanc avant d'être socialiste »...
Tournant le dos à un capitalisme ravageur, le jeune couple, personnage principal de ce roman, part. Il prend la route. Ils rêvent d'un nouvel Eldorado, d'un retour à la terre. Ce qui peut paraître plein de noblesse. Oui mais voilà nous comprenons très vite qu'il ne s'agit pas d'une quête, mais le recommencement d'une conquête. D'une réappropriation, que rien à bien y réfléchir ne justifie.
Mais on comprend vite qu'il n'y a pas véritablement d'issue à ce nouveau « rêve » américain .
La vision de London est d'un pessimiste profond. Car, ce peuple prolétaire n'aura de cesse que d'acquérir, et d'exploiter à son tour, et la terre, et les hommes, visant profits et richesses.
1916 : la vallée de la lune…. le 30 décembre 1922 l'URSS est créée ...le 12 mars 1938 les troupes allemandes de la Wehrmacht entrent en Autriche ... 2021 : le 06 janvier le « peuple » de Trump envahissait le Capitole.
Il fallait lire Jack London pour comprendre ce qui risquait d'advenir, ce qui se reproduirait.
On ne peut pleinement lire London sans lire la Vallée de la Lune. Les  « mythes » et les légendes sont là pour nous apprendre les ordres et désordres du monde. Ils ont valeur d'enseignement, et bien souvent d'avertissement.

Astrid Shriqui Garain


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