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Critique de raton-liseur


Une belle nouvelle, sombre et désabusée, que London écrit en 1909, la même année que le sombre Martin Eden. Dans un milieu que London connaît bien, celui de la boxe, il décrit le combat d'un homme qui fut une gloire du ring mais a maintenant quelques années de plus, ainsi que femme et enfants à nourrir.
Avec ce combat qui l'oppose à un jeune champion, il se souvient de comment lui-même a conquis la gloire au détriment des joueurs de la génération précédente, et il revisite ses sentiments d'alors maintenant qu'il passe de l'autre côté de la barrière.
Je ne dirai pas ce que représente cette tranche de bifteck qui semble n'avoir aucun lien direct avec le thème de la nouvelle, mais je ne peux m'empêcher de dire à quel point cette lecture m'a plu. J'ai souvent trouvé qu'il y avait à boire et à manger dans l'oeuvre de London, mais plus je le redécouvre à travers des oeuvres pourtant mineures au fil de mes lectures audio, plus j'apprends à apprécier son style, sa façon de surprendre le lecteur, et j'aime la vision de la vie qu'il donne, avec notamment un fatalisme qui continue de m'étonner de la part de cet homme si vivant et si touche-à-tout, comme si son activité incessante et son désir inextinguible de toujours repousser ses propres limites étaient en fait une fuite en avant, une tentative de masquer une grande peur du vide, de la vacuité de la vie.
Cette tranche de bifteck, c'est la réalisation que les générations se succèdent, que l'on a soit la jeunesse soit l'expérience, mais que jamais on n'aura les deux. Et que toujours, inexorablement, ce sera la même qui gagnera, qu'il n'y a rien à faire, sinon accepter l'inéluctable. Tout cela écrit par un écrivain de 33 ans, qui mourra sept ans plus tard. Une belle nouvelle, qui laisse un triste goût de sang dans la bouche. Une belle découverte, dans une oeuvre riche en petites pépites.
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