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Bernard Hoepffner (Traducteur)
EAN : 9782910233013
1001 Nuits (02/03/1998)
4.05/5   54 notes
Résumé :
Un steak est la plus réussie des quatre nouvelles de Jack London évoquant le " noble art " : le texte dépouillé au ton clinique et à la précision millimétrique donne au lecteur le sentiment de pénétrer au coeur même de l'agir pugilistique.
Cet effet de réel doit beaucoup à la longue expérience de praticien et d'observateur de la boxe de l'auteur de Martin Eden.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Cette courte nouvelle est extraordinaire!

C'est sans doute le meilleur texte que j'ai lu sur la boxe et sur l'art du combat en général. On sent que Jack London était un amateur éclairé et il a su mieux que personne nous faire entrer "au coeur de l'agir pugilistique".

En plus de toutes ces qualités ce texte est émouvant. Il nous raconte le combat d'un boxeur sur le retour, qui doit reprendre les gants pour payer ses dettes:

"Il rit avec le plus de conviction possible tandis qu'elle se serrait plus fort contre lui. Par-dessus ses épaules, il regarda la pièce vide. C'était tout ce qu'il possédait au monde, avec un loyer en retard, plus elle et les gosses. Et il quittait tout cela pour aller chercher dans la nuit la nourriture pour sa compagne et ses petits - pas comme le travailleur moderne rejoignant sa corvée machinale mais à la manière animale ancienne, primitive, royale: en se battant pour l'avoir."

Il doit partir au combat le ventre creux car le boucher n'a pas voulu lui faire l'avance d'un steak. Il lui faudra économiser ses forces car son adversaire est beaucoup plus jeune que lui. Ce sera le combat de la sagesse et de l'expérience contre celui de la jeunesse. Là encore Jack London excelle à nous décrire la stratégie des combattants. Ce n'est pas évident car un combat est toujours rapide et si l'on réfléchit, on a perdu. C'est pourquoi l'entrainement est si important. Il permet de réfléchir et d'acquérir des automatismes qu'il faudra mettre en place en un instant durant le combat.

Tout cela est magnifiquement rendu dans ce texte qui dit beaucoup de choses en peu de mots. C'est selon moi la marque des grands écrivains.
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Une belle nouvelle, sombre et désabusée, que London écrit en 1909, la même année que le sombre Martin Eden. Dans un milieu que London connaît bien, celui de la boxe, il décrit le combat d'un homme qui fut une gloire du ring mais a maintenant quelques années de plus, ainsi que femme et enfants à nourrir.
Avec ce combat qui l'oppose à un jeune champion, il se souvient de comment lui-même a conquis la gloire au détriment des joueurs de la génération précédente, et il revisite ses sentiments d'alors maintenant qu'il passe de l'autre côté de la barrière.
Je ne dirai pas ce que représente cette tranche de bifteck qui semble n'avoir aucun lien direct avec le thème de la nouvelle, mais je ne peux m'empêcher de dire à quel point cette lecture m'a plu. J'ai souvent trouvé qu'il y avait à boire et à manger dans l'oeuvre de London, mais plus je le redécouvre à travers des oeuvres pourtant mineures au fil de mes lectures audio, plus j'apprends à apprécier son style, sa façon de surprendre le lecteur, et j'aime la vision de la vie qu'il donne, avec notamment un fatalisme qui continue de m'étonner de la part de cet homme si vivant et si touche-à-tout, comme si son activité incessante et son désir inextinguible de toujours repousser ses propres limites étaient en fait une fuite en avant, une tentative de masquer une grande peur du vide, de la vacuité de la vie.
Cette tranche de bifteck, c'est la réalisation que les générations se succèdent, que l'on a soit la jeunesse soit l'expérience, mais que jamais on n'aura les deux. Et que toujours, inexorablement, ce sera la même qui gagnera, qu'il n'y a rien à faire, sinon accepter l'inéluctable. Tout cela écrit par un écrivain de 33 ans, qui mourra sept ans plus tard. Une belle nouvelle, qui laisse un triste goût de sang dans la bouche. Une belle découverte, dans une oeuvre riche en petites pépites.
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A 40 ans, Tom King est vieux. Un vieux boxeur au coeur fatigué et aux jointures usées. Un ancien champion qu'on oppose aux jeunes rookies pas encore cotés. Ce soir-là, c'est une simple soupe de pain dans le ventre et 2 kilomètres dans les jambes qu'il doit affronter sur un ring de second ordre un jeune boxeur néo-zélandais pas encore connu. Son expérience suffira-t-elle à vaincre la fougue de son fringant adversaire ? Si seulement le boucher avait bien voulu lui faire crédit d'une tranche de bifteck...

Je ne suis pas très sport en général mais la boxe est peut-être le sport que je trouve le plus débile. N'en déplaise aux afficionados, il me semble qu'il consiste simplement à parer du nom de sport, l'une des occupations les plus primaires de l'homme, à savoir taper sur son prochain par n'importe quel moyen, de la pichenette à la bombe atomique. La boxe consiste quand même à taper sur son adversaire jusqu'à ce qu'il ne soit plus capable de se relever ! Et on appelle ça un sport... Cela dit, j'aime beaucoup certains films de boxe comme de l'ombre à la lumière ou Million dollars Baby. Et j'ai été complètement captivée par la nouvelle de Jack London. Je l'ai commencée sans savoir du tout de quoi elle traitait et le style exceptionnel de l'auteur m'a fait faire corps avec Tom King. Je suis restée accrochée jusqu'au bout. London nous livre non seulement le récit d'un combat haletant dont l'issue paraît certaine jusqu'au moment où il commence. Alors, on se prend à espérer que Tom l'emporte. Ce récit sensible exprime bien tout le désarroi de ce vieux boxeur. Lui qui a été le jeune champion qui se faisait les dents en écrasant les vieux est devenu le vieux qu'on oppose à la jeunesse. Mais, alors que son adversaire ne se bat que pour la gloire, lui se bat pour nourrir sa famille. Arrivera-t-il à vaincre la fatalité ?

En résumé : Un récit superbement écrit, haletant, prenant, touchant. À écouter sur France Culture, lu par Bernard-Pierre Donnadieu pour le régal des oreilles.
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Pas de doute possible, on lit un Jack London !
Un steak c'est un peu l'histoire de la vie en quelques pages sur un ring. La fougue de la jeunesse qui ne s'imagine pas vieillir et qui se rit des larmes se croyant invincible – avant d'avoir la chance de vieillir. L'histoire ne se résume pour autant pas à ça, comme à son habitude JL décrit aussi avec force d'images la violence du quotidien de ceux qui se battent pour avoir un soir, peut-être, selon l'issue du combat, un steak à manger. Ça peut paraître peu et pourtant c'est tout pour certains.
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Poignante et condensée, cette nouvelle de Jack London frappe au coeur. La boxe ? La boxe c'est la toile sur laquelle l'auteur tisse l'histoire d'un affrontement entre une jeunesse fringante, vantarde et, souvent, trop sûre d'elle et la vieillesse riche de son expérience mais physiquement dépassée. Les temps sont durs pour ces boxeurs de seconde zone, presque oubliés, vieux à quarante ans et qui n'ont d'autre ambition que de gagner de quoi manger et nourrir leur famille quand leurs jeunes adversaires ambitionnent la gloire et ses fastes. Jack London nous plonge le temps d'un match, d'un dernier match, dans la vie cabossée de l'un d'entre eux, une vie qui ne tient qu'à un steak, une vie de coups et de mauvais coups, gagnée et perdue à la force des poings.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Et lui, il n’avait rien à gagner, sinon trente livres pour payer le propriétaire et les commerçants. Et tandis que Tom King ruminait de la sorte, lentement, il fut envahi par une vision de la jeunesse, une jeunesse glorieuse se dressant triomphante, invincible, avec ses muscles souples et sa peau soyeuse, avec son cœur et ses poumons qui jamais encore n’avaient été fatigués ni déchirés, insouciante des limites imposées à l’effort. Oui, la jeunesse était la fatalité. Elle détruisait les vieux sans être consciente que, par la même occasion, elle se détruisait elle-même. Elle élargissait ses propres artères et broyait ses jointures, avant d’être à son tour détruite par la jeunesse. Car la jeunesse est toujours jeune. Seul l’âge vieillit. Il tourna à gauche dans Castlereagh Street et, trois pâtés de maison plus loin, s’arrêta devant le Gayety. Une foule de jeunes voyous qui traînaient devant la porte s’écartèrent respectueusement sur son passage, et il entendit l’un deux dire à un autre : "C’est lui ! C’est Tom King !" à l’intérieur, sur le chemin du vestiaire, il croisa le secrétaire, un jeune homme aux yeux perçants et au visage ouvert qui lui serra la main.

– Comment ça va, Tom ? demanda-t-il.

– Comme un charme, répondit King en sachant pertinemment qu’il mentait et que, s’il avait eu une livre, il l’aurait échangée sur-le-champ contre un bon steak.
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Assis dans son coin et observant son adversaire de l'autre côté du ring, la pensée lui vint que l'alliance de sa sagesse avec la jeunesse de Sandel ferait un champion du monde des poids lourds. Mais c'était justement là le problème. Sandel ne deviendrait jamais champion du monde. Il lui manquait la sagesse et son seul moyen de l'obtenir était de la payer de sa jeunesse. Lorsqu'il posséderait la sagesse, il aurait dépensé sa jeunesse à l'acheter.
(P49)
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Avec son dernier morceau de pain. Tom King nettoya son assiette, enleva la dernière trace de sauce blanche et mâcha lentement, pensivement, cette ultime bouchée. Lorsqu'il se leva de table, il fut accablé de s'apercevoir qu'il avait encore faim.
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"(La boxe) est inscrite dans notre être aussi profondément que l’est notre conscience et sa texture est identique à celle de nos propres fibres ; elle se développe en nous exactement comme le langage lui-même. C’est une passion instinctive attachée à nos racines."
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Disons tout de suite qu'un homme n'a en lui qu'un nombre déterminé de combats. C'est une règle de fer de jeu (la boxe). L'un peut avoir en lui une centaine de combats difficiles et l'autre une vingtaine seulement. Chacun en fonction de sa constitution et de sa force, en a un nombre déterminé et quand il les a faits, il est cuit.
(P33)
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Videos de Jack London (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jack London
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