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Critique de horline


Que reste-t-il quand il ne reste plus rien ? C'est la question qui s'impose lorsqu'on suit les pas de Leonardo, professeur d'université et écrivain déchu qui voit progressivement une ombre froide et sombre recouvrir son pays. L'Italie s'est effondrée, gangrénée par un nouveau mal qui la transforme en un monde chaotique et hostile, où tente de survivre une humanité effrayée et belliqueuse.
La presse a disparu, l'autorité de l'Etat n'a plus cours. Sans que l'on sache ce qui se passe, chacun tente de fuir le pays avant que les frontières soient fermées, avant l'arrivée des mystérieux « extérieurs », avant que cette menace sans nom gagne tout le pays.
Leonardo, retiré dans son village natal après un scandale qui l'a conduit à une mort sociale, préfère trouver refuge dans ses livres. Mais le jour où la barbarie impose peu à peu des images et un langage nouveaux, il choisit de partir, découvrant un monde infiniment plus féroce que celui qu'il avait fui.

Dans une sorte d'odyssée crépusculaire, face à un monde redevenu primaire, il est confronté à une sauvagerie brutale qui lui a été étrangère toute sa vie ; la violence, les pillages, les meurtres, les viols offrent une vision cauchemardesque. L'auteur n'épargne pas le lecteur, on assiste impuissant à cette folie furieuse avec un sentiment de solitude infinie et d'implacable chagrin.
Et pourtant, dans cet univers anxiogène et frustre, la narration porte à bout de bras la lueur vacillante de l'amour de Léonardo pour sa fille Lucia qui l'accompagne. C'est cet amour qui lui permet de ne pas renoncer face aux pires supplices et actes de cruauté, de se redresser et continuer à avancer parce que même lorsqu'il n'y a plus rien, il reste quand même la vie.


Lecture éprouvante et passionnante. Éprouvante parce que cette oeuvre est traversée de manière magistrale par une esthétique de la désolation. Tout est sauvage, terrifiant, dramatique, le désespoir se fait lancinant d'autant plus que le danger qui met l'humanité en péril n'est autre que l'homme lui-même.
Mais au-delà de cette noirceur, le talent de l'auteur est d'inscrire son roman dans la dimension humaine rendant tout le reste superflu. La langue est d'une lucidité grave et sans complaisance, et pourtant Davide Longo parvient à nous faire absorber les émotions de cette humanité en souffrance, même lorsque ces êtres se sont repliés sur eux-mêmes. C'est émouvant parce qu'on pénètre de manière singulière la réalité de l'existence humaine, on voit un homme prendre conscience douloureusement du sens de la vie, abandonner le confort de la faiblesse et la vie qu'il s'était construit pour que persiste le verbe être.
Oeuvre fascinante car elle rappelle cette vérité ontologique de la manière la plus obscène mais aussi la plus majestueuse qui soient. Parfois le beau nait de ce qu'il y a de plus terrible...et en cela, L'homme vertical n'est pas sans rappeler La route de McCarthy.
Coup de coeur de l'année 2013.
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