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Critique de 5Arabella


La date de la création de cette pièce est incertaine, elle pourrait se situer entre 1625 et 1634. La pièce reprend une situation de base souvent représentée dans le théâtre de Lope de Vega : un puissant éprouve un désir amoureux et pour l'assouvir ruine l'ordre moral et social. Ce qui corse les choses, c'est qu'ici le puissant est le roi, qui souvent chez Lope de Vega est celui qui rétablit les choses à leur juste place.

Le roi don Sanche vient prendre possession de Séville. Les alcades viennent lui rendre hommage. Mais le roi n'a de yeux que pour la belle dame Etoile, soeur d'un échevin, Busto Tavera. Etoile est aimée par Don Sanche qu'elle souhaite épouser. le roi se présente chez Busto dans l'espoir de voir sa soeur, mais le malin échevin déjoue le piège. le roi revient la nuit grâce à la complicité d'une domestique, mais Busto rentré plus tôt que prévu le surprend, le roi doit se sauver honteusement. Bouillonnant de colère il décide de faire tuer Busto. Il fait appel à Don Sanche, qui malgré sa souffrance, décide de faire ce qu'il considère son devoir et obéir au roi. Pris, écrasé par la douleur d'avoir perdu celle qu'il aime, il refuse d'utiliser un écrit du roi qui pourrait le sauver, et qui lui permet d'épouser la dame de son choix. le roi ne comprend pas, et se sent diminué par la noblesse de Don Sanche, et propose à dame Etoile de lui livrer le meurtrier de son frère. Mais elle refuse d'exercer sa vengeance, comme Don Sanche refuse d'utiliser la promesse royale d'épouser la femme de son choix. Ils se séparent, amoureux mais conscients de ne pas pouvoir vivre ensemble après ce qui s'est passé. le roi est écrasé par la grandeur des Sévillans et de leur sens de l'honneur si fort.

Le roi qui cause par ses débordements une mise en cause de l'ordre social est apparemment une thématique fréquente dans le théâtre espagnol du XVIIe siècle, mais pas si fréquente chez Lope de Vega, pour qui le perturbateur est plutôt le mauvais noble, qui en plus de piétiner les droits de ses inférieurs, se montre rebelle à son souverain. Mais ici il a une sorte d'excuse : celle du mauvais conseiller, ce qui aussi est une thématique récurrente. La notion d'honneur est au centre de la pièce, et le roi ne s'en sort pas à son avantage : ses sujets sont bien plus respectueux de cette valeur que lui. le couple Etoile-Sanche y est particulièrement attaché : l'honneur passe avant la vie, avant l'amour. C'est parce qu'ils partagent les mêmes valeurs, pour lesquelles ils sont prêts à tout sacrifier, qu'ils s'aiment. C'est un amour exigeant, basé sur le respect des mêmes codes et un respect mutuel : un amour à l'opposé de l'amour incontrôlable, passion funeste, du roi, qui l'amène à la honte et au crime.

Cela préfigure le couple Chimène-Rodrigue, connu par la pièce de Corneille, mais ce dernier s'est inspiré d'une pièce espagnole de Guillén de Castro dans laquelle ces aspects sont déjà bien présents.

L'étoile de Séville est une pièce réussies, ramassée, allant à l'essentiel, et qui sans aucun doute a une grande efficacité dramatique.
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