AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laureneb


Une oeuvre de Loti découverte un peu par hasard grâce à une émission de radio de France Culture à l'occasion du centenaire de sa mort. Je connaissais Loti comme écrivain du voyage - et non écrivain voyageur. J'ai découvert Loti impressionniste et précurseur de Proust et de la Recherche.
Le roman d'un enfant pourrait s'approcher d'une autobiographie, reprenant de nombreux éléments de la propre enfance de Loti. Sauf que... comme Marcel le Narrateur n'est pas Marcel l'écrivain, le Narrateur Pierre n'est pas l'écrivain lui-même, qui ne s'appelle pas Pierre. Et le titre évoque lui un "roman", terme qui renvoie à de la fiction, à de l'imagination. Après tout, qu'importe la classification - fiction, auto-fiction, autobiographie romancée... L'important à mes yeux, ce sont les émotions ressenties, la beauté de l'écriture.
Loti est un écrivain impressionniste. Comme les peintres, il s'intéresse à la lumière du jour et à ses variations selon les saisons. Je pense à Mme Chrysanthème avec son Japon gris sous la pluie, aux Désenchantées où Istanbul est mélancolique sous un pâle ciel d'automne, au Journal d'un Spahi où le Sénégal cuit sous un violent soleil... Loti décrit ici avec beaucoup de poésie et de sensibilité le rose éclatant et duveteux des fleurs du jardin comme celui des joues de sa mère, les brumes du bord de mer, la forêt du village. Proust, lui, y ajoutera ses références picturales, littéraires et historiques, mais Loti associe déjà les lieux et les souvenirs. C'est en effet une écriture du souvenir, où le souvenir naît d'une sensation. Comme Proust, c'est un rayon de lumière, une odeur, un objet, qui font jaillir le "temps perdu", à tel point qu'il revit les mêmes émotions - attente angoissée du baiser maternel, peur du noir, griserie des jeux enfantins, ennui au collège... Proust ira plus loin, puisque chez lui, la sensation engendre le souvenir, qui, lui, suscite la nécessité d'écrire. Loti ne s'interroge pas sur sa pratique d'écriture, mais il analyse respectivement son enfance pour y déchiffrer les signes, y pressentir ce qu'il allait devenir. Il évoque ainsi son goût pour l'exotisme, sa quête d'un ailleurs, son amour pour la mer...
Un joli texte donc, à la poésie mélancolique, une ode aux joies de l'enfance en famille et dans la nature - Loti pourrait aussi annoncer Pagnol, dans le récit de ses jeux en province avec de petits paysans du village. Jolie découverte.
Commenter  J’apprécie          83



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}