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Critique de MissSherlock


Dans son dernier livre, Olivier Loubes, professeur d'Histoire à Toulouse, revient sur la genèse du Festival de Cannes. Pour beaucoup, moi y compris, le Festival est né après la guerre. Je me suis souvent dit que cette compétition était née dans la joie et l'allégresse de la fin du conflit.
C'est une erreur ! le premier Festival devait se dérouler en septembre 1939 en réponse au fascisme.

En effet, lors de la Mostra de Venise de 1938, la quasi-totalité des films vainqueurs étaient des oeuvres de propagande nazie et fasciste. Les films français n'ont été récompensés que parce que René Jeanne, le représentant officiel de la délégation française à Venise, a soutenu les délégations italienne et allemande. Les films britanniques et américains sont reparties bredouilles.
En clair, la Mostra était sous la coupe de Mussolini et Goebbels.

Choqués par ce Festival plus politique que cinématographique, des Français, des Britanniques et des Américains commencent à songer à la création d'un événement alternatif à la Mostra. Rapidement, le nom de la France circule. Sous l'impulsion de Jean Zay, jeune ministre de l'Éducation Nationale, et de Philippe Erlanger, historien respecté, les choses s'accélèrent et la décision est prise de créer un festival démocratique en France.

Pour le lieu, on pense d'abord à Biarritz, puis les noms de Deauville et de Vichy sont évoqués. Daladier suggère même Alger, histoire que le monde se souvienne que la France demeure un Empire colonial. Mais le nom de Biarritz fuite dans la presse et Henri Gendre, un hôtelier cannois, ne l'entend pas de cette oreille. Il fait pression et avec l'aide de la mairie de Cannes, il finit par obtenir gain de cause : le Festival se déroulera à Cannes à la fin de l'été.

Des dépliants sont conçus pour promouvoir le Festival ainsi que son affiche et un film publicitaire. On connait les noms des membres du jury ainsi que les films sélectionnés (LE MAGICIEN D'OZ, LA LOI DU NORD, LA CHARRETTE FANTÔME, UNION PACIFIC,...). Tout est prêt pour célébrer le cinéma mais début septembre, l'heure n'est plus à la fête. La guerre est déclarée et la mobilisation est en marche. Les jeunes hommes se retrouvent sous les drapeaux.

Le livre d'Olivier Loubes nous raconte l'histoire d'un festival qui, sans avoir eu lieu, a laissé des traces aussi bien dans les esprits des contemporains que dans les archives des cinémathèques.
Richement documenté, CANNES 39 est un bouquin très intéressant non seulement sur l'histoire du Festival de Cannes mais aussi sur L Histoire, les deux étant intimement liées.

Le style d'Olivier Loubes est agréable mais on sent tout de même qu'il s'agit d'un universitaire tant la poésie n'a pas sa place ici. le style est précis et le ton didactique. Ce n'est pas désagréable mais le livre ne se lit pas comme un roman, il s'agit bien d'un essai.
Le seul reproche que je pourrais formuler est que l'auteur se répète régulièrement ce qui m'a dérangée. Si je n'ai pas compris que la sélection des films français pour Cannes 1939 était mineure comparée à celle de la Mostra de la même année, c'est que je suis une quiche. Et je n'en suis pas une.

Il s'agit d'un petit bémol car CANNES 39 est un livre instructif. J'ai particulièrement aimé découvrir les documents de l'époque tels des articles de presse, les affiches de films, le règlement du Festival...
J'ai appris énormément de choses sur ce Festival né dans l'ombre de la guerre qui aujourd'hui brille de mille feux.
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