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Critique de philonnet


Bon,
C'est sympathique comme un livre qui soutient la cause des opprimés, des différents, de ceux que l'on montre du doigt. J'y suis sensible, et j'adhère sans restriction lorsqu'il s'agit de lutter contre l'ostracisme dont sont victimes les jeunes homosexuels. Mais…
Trois remarques :
J'ai longtemps côtoyé des familles « Groseille », et des clichés je pourrais aussi en écrire des tonnes. le livre sent le « vécu », mais un vécu sans distance. Je pense qu'avec un peu de recul, le paysage décrit ne serait pas aussi noir. Il y a ici un rejet, qui ressemble finalement à un racisme à l'envers d'un jeune homme qui se pense sorti d'un bourbier, et qui n'y voit que la boue. Je sais aussi que dans ces familles se vivent d'autres choses, que j'ai partagé avec eux, que je partage encore, et qui font plus partie de la fraternité (même si c'est celle des « soifffards ») que du refus du différent.
En tous cas, cette exclusion du différent n'est pas l'apanage du lumpenprolétariat. Pas d'illusions sur ce point. Les familles « bourgeoises » qui semblent fasciner Eddy à la fin du livre, sont tout autant sexistes, racistes, cruelles et connes. En tant qu'enseignant, j'en ai croisé certains apparemment « sans problèmes » et qui confrontés à l'homosexualité de leur fils ou de leur fille, ne se comportaient pas mieux que les parents d'Eddy… avec les formes peut-être, mais aussi cruellement. J'ai connu une famille où ils n'ont admis la liberté de vivre différemment de leur fille qu'à la troisième tentative de suicide.
Si bien que je m'interroge sur la portée de ce roman. Car ce n'est pas seulement un témoignage, c'est un roman, c'est donc un parti pris, celui de stigmatiser une population, une classe sociale, une région, au prétexte d'une stigmatisation dont le personnage du roman (et non son auteur) aurait été victime. Et cela change la perception du roman. Il lui manque un pendant : raconter la même histoire, et la même souffrance, dans un milieu bourgeois, catho intégriste, dans le monde rural, dans une famille de vieux etc… On aboutirait à la même collection de clichés manichéens, assez efficace pour faire rire les imbéciles et faire pleurer les bonnes âmes.
S'il s'agissait d'un témoignage prélude à une étude sociologique, et non d'une fiction, d'un roman, cette critique perdrait de son sens.
Michel le Guen
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