La création des pays "socialistes" d'Europe de l'Est, la victoire du communisme en Chine et en Corée du Nord, marquaient des conquêtes territoriales qui complétaient la conquête des esprits.
Car la "symphonie" des pouvoirs, cette complémentarité qui va jusqu'à une certaine égalité dans le partage des compétences, constitue pour elle le socle d'un Etat idéal.
En retrouvant leur histoire, les Russes retrouvent donc aussi, et presque par hasard, cette "idée russe" qu'ils croyaient eux mêmes évaporée.
Une découverte confortable à bien des égards, car elle place l'hostilité actuelle de l'Occident dans le contexte d'une méfiance traditionnelle face au modèle alternatif de civilisation, incarné par leur pays.
Ce sont les critères moraux, spirituels, religieux qui ont en tout temps été primordiaux.
Cette volonté d'incarner une alternative serait donc, par son existence même, un défi lancé à la vision occidentale du monde.
Les "dénigrements occidentaux" commencèrent dès le règne d'Ivan le Terrible.
Car le seul avantage de l'oléoduc Bakou - Ceyhan, était de contourner le territoire russe.
Autrement dit, d'exclure leur pays du "Grand jeu".
Même s'ils continuent à marteler l'idée - médiatiquement inefficace d'ailleurs - de lutte contre le terrorisme islamique.
En Yougoslavie, les américains se saisirent du prétexte Milosevic pour montrer au monde qu'on ne joue pas avec le Nouvel Ordre mondial.
En Tchétchénie, les Russes saisissent eux aussi l'occasion pour montrer que la Russie n'est pas la Serbie.
Pour nous, KGB et démocratie sont des notions antinomiques.
Pas en Russie, où même l'intelligentsia libérale sait désormais que la pérestroïka et la glasnost, qui ont fini par emporter le système communiste, avaient été conçues par le dernier "grand" chef du KGB, Youri Andropov.