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Critique de Nodamin


J'ai bien fait de lire en grande partie Carmen quelques jours plus tôt, moi… Voilà un roman qui nous plonge dans la même ambiance, avec cette gitane fatale qui aura à sa botte un homme fou d'elle et soumis, (on a même la réécriture de la scène de la manufacture de tabac, d'une manière un peu plus érotique, peut-être…) Mais Louÿs va encore plus loin avec son personnage féminin, comme le confirme d'ailleurs quelques mots de l'auteur reportés dans les annexes de Carmen : il dit créer « une Carmen plus subtile, plus intelligente, plus effroyablement femme ». Et là je dois avouer qu'en effet que dans le genre elle convainc presque totalement, et que je l'aurai vraiment adoré, cette brave Concha (malgré son nom « qui réunit tout ce qu'on peut exiger d'elle » comme il l'a écrit à Debussy), sans ce tempérament final où l'extravagant vire à l'excès, et où toutes mes espérances en ce personnage retombent aussi violemment que ces stupides scènes.

Car après mon féministe Ibsen, voilà une douche bien froide, et un roman typiquement masculin. J'osais espérer que monsieur, qui n'avait pour ambition que de consommer madame, allait être frustré plus longtemps par cette charmante héroïne, et j'étais loin de m'attendre à un final masochiste de ce genre ! Concha qui accepte de se donner à lui seulement une fois qu'il vient de la tabasser ! Et qui se doit de re-provoquer ce genre de scène pour raviver un quelconque désir (?) Heurk ! C'est malsain, c'est ignoble, c'est à vomir, vite un seau ! J'ai assez exprimé mon dégoût là ? Bon j'exagère (mais à peine), car sans ce final démesuré, ce livre était prometteur, d'où une déception encore plus grande qui en a découlé à la découverte de cette conclusion terrible.

J'aimais le caractère de Concha, et sa façon de faire tourner en bourrique un homme au désir inépuisable. J'étais assez pleine d'indifférence voire presque de mépris pour cet individu frustré qui s'acharnait à courir encore et encore après Concha au point presque de la violer car elle n'acceptait pas de se donner à lui. Notant le parallélisme avec Carmen, je m'attendais à tout sauf à une soumission aussi abrupte et crue. Ce n'est pas ainsi que je concevais le personnage et j'ai été déçue.

Vers la fin, la dame devient tellement insupportable dans sa jalousie qu'Antonio s'en sépare. Puis, il fait son récit au jeune homme du début du roman pour le dissuader de s'en approcher (ce dernier passera tout de même du temps avec elle). le texte finit néanmoins sur une note positive pour le charisme de la belle, car on apprend qu'Antonio n'a pas pu résister, et malgré les voeux de tempérance qu'il avait fait et confiés au jeune homme, il s'en est retourné auprès de Concha. Un point ma belle !

Un livre qui a au moins le mérite de ne pas laisser indifférent…
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