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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


Il y a une histoire d'Ambrose Bierce appelée "The suitable surroundings". Le héros, un écrivain, dit à son ami Marsh qu'il est trop facile de lire ses histoires "dans un tramway, à la lumière du jour", mais "la nuit, dans un endroit isolé... ha! J'ai dans ma poche un manuscrit qui pourrait te tuer!!" Marsh lit donc ledit manuscrit dans un "endroit approprié" et il est mort. de trouille.
le mythe de Cthulhu, je l'ai lu et relu, mais jamais je n'oublierai les séances "chocottes" avec ce livre, dans le grenier de ma grand-mère pendant les vacances d'été de mes 14 ans.
Alors, où commencer ? On pense, en général, qu'à la source du mythe sont les cosmologies fictives de lord Dunsany ou d'Arthur Machen, mais peut-être aussi "The waste land" de T.S.Eliot, fait des "citations, fragments et clins d'oeil érudits". Au début, il n'y avait aucun système précis, et Lovecraft lui-même n'utilise pas encore le terme "mythe de Cthulhu".
Plus de systématisation était apportée par ses amis et collègues, en partie après la mort de Lovecraft.
Les premières traces apparaissent en 1920, avec une histoire courte appelée "Nyarlathotep" (selon le messager des démons du mal cosmique, connus en tant que The Great Old Ones ou The Ancient Ones). Une année plus tard, on trouve dans "The nameless City" le philosophe Arabe fou Abdul Alhazred; on le sait déjà l'auteur d'un ouvrage maudit, mais le nom de Necronomicon n'arrive qu'en 1922 dans "The Hound". La même année voit aussi "The Festival", qui ajoutera au mythe la fantomatique ville d'Arkham (modelée selon Salem) et la Miscatonic University (d'où partira plus tard la fameuse expédition dans les Montagnes Hallucinées.
De ces premiers fragments, le mythe commence à être collé morceau par morceau par Lovecraft et son cercle d'amis autour de "Weird Tales" et "Amazing Stories" - Robert Bloch (auteur de Psycho), Henry Kuttner, Donald Wollheim, Clark Ashton Smith, ou August Derleth (qui a qualifié Cthulhu comme une paraphrase de l'histoire biblique de la chute des anges). Lovecraft ne fait que confirmer - "Toutes mes histoires sont basées sur la légende que la Terre était jadis habitée par des entités vénératrices de magie noire, chassées vers les dimensions parallèles, mais prêtes à retourner sur Terre pour y régner". Dimensions ou planètes, comme Yuggoth, refuge des anges déchus, inspirée par la découverte récente du Pluton. Les bonnes entités (Elder Gods) n'ont pas vraiment de nom, (à part Noden), mais les malfaisants sont richement pourvus en dénominations pseudo orientales; à côté de Nyarlathotep on a un dieu-idiot aveugle Azathoth et son colocataire dans le centre de l'infini, Yog-Sothoth. Dans l'empire R'Lyeh au fond des océans se cache le grand Cthulhu, et le panthéon lovecraftien se termine par le dieu de la fertilité Shub-Niggurath. Le Walhalla a été élargi par Tsathoggu de C.A. Smith, Nyoght de Henry Kuttner, Cthugh de August Derleth... et c'est devenu un super jeu de blagues et des in-jokes parmi les écrivains.
Donc, le grand prêtre d'Atlantide Klarkash-Ton est, bien sûr, Clark Ashton Smith, l'auteur des "Cultes des Goules" comte d'Erlette n'est autre qu'August Derleth, et Lovecraft lui-même apparaît comme Eich-Pi-El, une entité malfaisante. Robert Bloch a demandé (et reçu, signée par Abdul Alhazred), une permission d'anéantir Lovecraft, et il le fait, dans "Shambler from the Stars". Lovecraft riposte en tuant Bloch dans "The Hunter from the Dark" - le nom du défunt est, certes, Robert Blake, mais il habite 620 East Knapp Street à Milwaukee, qui était, comme chacun sait, l'adresse de Bloch à l'époque.
Les "documents" qui ont servi à alimenter le mythe sont un joyeux mélange du vrai et du faux, mis en circulation soit par le maître, soit par les disciples. A côté d'indispensable Necronomicon et le Pnakotic manuscrits, on a le Livre d'Eibbon, "découvert" par C.A. Smith, des Unaussprechlichen Culten de von Juntz déterrés par Robert E. Howard (père de Conan le Barbare), Bloch a contribué par la curiosité médiévale de Ludwig Prynne "De Vermis Mysteriis" et j'ai déjà mentionné Les Cultes des Goules. Mélangez ensuite tout ça avec les ouvrages connus comme "Atlantis and the Lost Lemuria" de Scott-Elliot, "The Witch Cults in Western Europe" de Murray ou "The Golden Bough" de Frazer. Il ne faut pas s'étonner de la mystification complète des lecteurs et de l'étonnement des antiquaires assaillis par les commandes pour le "Necronomicon" et les "Vermis Mysteriis".
Cerise sur le gâteau, le Necronomicon a vraiment sorti en 1978 par les soins de Colin Wilson, un lovecraftien tardif, et en plus avec la préface si érudite concernant sa découverte, que le doute reste toujours....ouf!!
Mais, trêve des spéculations, montez dans le grenier, refermez la trappe et ouvrez Cthulhu.........That is not dead which can eternal lie
And with strange aeons even Death may die
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